Kinshasa, 29 avril 2025- Alors que les espoirs de désescalade naissaient des récentes déclarations de paix signées à Washington et Doha, une réalité bien différente s’impose sur le terrain : le M23 intensifie ses efforts de recrutement de jeunes dans les quartiers de Goma et les territoires voisins. Sous la bannière de l’Armée révolutionnaire congolaise (ARC), une structure dénommée « comité de recrutement et de mobilisation » sillonne la province du Nord-Kivu pour convaincre les jeunes de rejoindre les rangs rebelles.
Selon les révélations de Radio Okapi, chaque opération commence par une séance de sensibilisation, que les insurgés qualifient de « dialogue direct ». Là, les recruteurs exposent la philosophie de l’AFC/M23, appellent à la résistance et exhortent les habitants à convaincre les jeunes de s’engager. Une fois enrôlés, ces derniers sont envoyés dans des centres de formation idéologique, avant d’être initiés à l’usage des armes. Ce processus, qui s’oppose frontalement aux engagements diplomatiques en cours, interroge sur la volonté réelle du mouvement à respecter les pourparlers en cours.
Samedi 26 avril, le quartier Murara, dans la commune de Karisimbi, a accueilli l’une de ces séances. Un jeune s’y est interrogé à voix haute. “Que deviendrai-je si le M23 devait quitter Goma ?”, demande-t-il. La réponse a fusé, tranchante. “Le M23 n’a nullement l’intention de quitter Goma ou toute autre entité sous son contrôle actuellement”, a répondu un représentant rebelle, balayant d’un revers de main toute hypothèse de retrait.
Ces séances ne sont pas isolées. Avant Murara, les mobilisateurs du M23 ont parcouru d’autres quartiers de la commune de Karisimbi, notamment Mapendo, Bujovu, Majengo, Kyeshero, Ndosho et Kasika. Le même message est répété est de rester, s’enraciner, s’imposer. Un discours qui s’éloigne dangereusement des engagements internationaux et renforce l’inquiétude des populations locales.
La campagne s’étend au-delà des centres urbains. Dans les territoires de Nyiragongo, Rutshuru et la chefferie de Bukumu, les recruteurs poursuivent leur travail d’enrôlement, profitant du vide sécuritaire et de l’absence de contrôle gouvernemental. Le tout, dans un silence troublant des autorités.
Tandis que les efforts diplomatiques s’accumulent à l’international, la réalité du terrain semble suivre une logique inverse. Le fossé se creuse entre les discours de paix et les actes de guerre.