Kinshasa, 30 avril 2025- Le président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe, appelle à la suspension immédiate des poursuites judiciaires contre l’ancien Premier ministre et député national, Augustin Matata Ponyo, invoquant le respect des immunités parlementaires.
Dans une correspondance officielle adressée au président de la Cour constitutionnelle, Vital Kamerhe rappelle que toute action judiciaire à l’encontre d’un député en session parlementaire doit impérativement être précédée d’une levée d’immunité par l’Assemblée nationale.
S’appuyant sur l’article 107 de la Constitution, il estime que Matata Ponyo est poursuivi de manière irrégulière, faute d’un acte officiel actant la levée de son immunité parlementaire. “Sans vouloir entraver le bon fonctionnement de la justice, et en adhérant à la lutte contre l’impunité, je vous prie de constater ce préalable incontournable”, a écrit Vital Kamerhe dans sa lettre.
Il insiste sur l’importance de respecter cette procédure, qui constitue une garantie essentielle de l’inviolabilité des représentants du peuple. Tout en réaffirmant son attachement à l’indépendance de la justice, il appelle à l’application stricte de l’article 151 de la Constitution.
Cette intervention survient dans un climat déjà tendu, quelques jours après une plénière houleuse à l’Assemblée nationale. Plusieurs députés avaient vivement dénoncé la reprise du procès Matata Ponyo sans consultation ni autorisation préalable de la Chambre.
Le procureur général a requis, le 23 avril dernier, dix ans de travaux forcés et dix ans d’inéligibilité contre Matata Ponyo, principal accusé dans le scandale du projet agro-industriel de Bukanga-Lonzo. Il a même ordonné son arrestation immédiate, bien que le prévenu ait été absent à l’audience.
Deux autres personnes sont également poursuivies, notamment Déogratias Mutombo, ancien gouverneur de la Banque centrale, encourt cinq ans d’inéligibilité, tandis que Christo Grobler Stephanus, patron de la société sud-africaine AFRICOM, risque l’expulsion définitive du territoire congolais.
Le verdict final est attendu le 14 mai prochain. Mais déjà, cette affaire illustre les tensions croissantes entre les institutions, où la lutte contre l’impunité semble entrer en collision avec le respect des règles fondamentales du droit parlementaire.