Kinshasa, 30 avril 2025- En pleine tournée diplomatique à Paris, Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement congolais, a ravivé une question hautement sensible, celle d’une possible révision ou refonte de la Constitution. Mais l’homme fort de la communication gouvernementale a conditionné toute relance de ce chantier à une seule exigence, qui est le rétablissement de l’intégrité territoriale de la RDC.
“On ne peut pas faire un débat sur la révision ou le changement de la Constitution lorsque l’intégrité du pays est menacée”, a déclaré Muyaya à la presse, balayant toute velléité d’ouverture immédiate de ce dossier controversé. Ses propos interviennent alors que la situation sécuritaire dans l’Est reste explosive, avec la persistance de l’offensive du M23.
Ce rappel, depuis la capitale française, n’est pas anodin. Il vient repositionner le débat constitutionnel dans le calendrier politique de Kinshasa, alors même qu’une commission de réflexion sur une nouvelle loi fondamentale avait été mise en place avant l’intensification du conflit dans l’Est. L’idée d’un changement constitutionnel est portée par certains cercles proches du pouvoir, mais suscite une vive méfiance.
En ligne de mire, la limitation du nombre de mandats présidentiels. La Constitution actuelle ne permet pas de briguer plus de deux mandats consécutifs. Réélu en 2023, le président Tshisekedi avait pourtant exprimé son attachement à cette disposition. Cependant, le simple fait de rouvrir le chantier institutionnel alimente les soupçons d’un possible recul démocratique.
Le ministre de la Communication a tenté de désamorcer ces inquiétudes en recentrant les priorités du gouvernement. ”Il serait irresponsable de débattre de l’avenir institutionnel du pays pendant que son intégrité territoriale est compromise”, a-t-il martelé, soulignant que la sécurité et la souveraineté nationale sont les véritables urgences.
Mais en conditionnant publiquement le débat constitutionnel à la reprise du contrôle total du territoire national, le gouvernement laisse entrevoir une fenêtre d’opportunité politique pour l’après-crise. Une stratégie qui pourrait, à terme, redessiner non seulement l’agenda politique, mais aussi les équilibres institutionnels du pays.