Kinshasa, 30 avril 2025- Alors que Kinshasa et Kigali viennent de signer à Washington un accord de principes censé raviver l’espoir d’une désescalade dans l’Est de la RDC, Corneille Nangaa, leader de l’Alliance fleuve Congo (AFC), prend le contrepied de cette dynamique diplomatique. Dans une interview exclusive au Telegraph, il a rejeté toute idée de cessez-le-feu, allant jusqu’à contester la légitimité du président congolais Félix Tshisekedi.
“Le peuple congolais ne veut pas entendre un mot comme ‘cessez-le-feu’”, affirme-t-il. “Non pas parce qu’il veut la guerre, mais parce qu’il ne veut plus voir Tshisekedi au pouvoir.” Pour Nangaa, qui a dirigé la Commission électorale nationale indépendante (CENI), les aspirations populaires sont incompatibles avec toute tentative de négociation avec le régime actuel.
Le chef rebelle campe sur une ligne dure, remettant en question les efforts américains de médiation. “Les Américains ont le droit de conclure des accords miniers, mais ils doivent parler aux bonnes personnes. Et aujourd’hui, les bonnes personnes, c’est l’AFC”, avertit-il, sous-entendant que l’autorité de Kinshasa ne serait plus légitime sur certaines zones.
En s’adressant frontalement aux chancelleries étrangères, Nangaa ne cache pas ses ambitions. Il accuse le président Tshisekedi d’inconstance. “C’est un homme non fiable. Quoi qu’il accepte aujourd’hui, il l’oubliera demain. Même s’ils signent un accord, le peuple congolais s’y opposera.”
Ces déclarations provocantes interviennent au moment où le gouvernement congolais mise sur les efforts internationaux pour sortir de l’impasse sécuritaire dans le Nord-Kivu. Mais le ton de l’AFC laisse présager une prolongation des affrontements sur le terrain, malgré la volonté affichée de désescalade.
Avec une alliance toujours active avec le M23 et le contrôle de plusieurs localités dans l’Est, Nangaa s’impose comme un acteur incontournable du conflit — mais surtout comme un frein aux ambitions de paix de Kinshasa et ses partenaires internationaux.