Kinshasa, 02 mai 2025- Dans les rues sinistrées du quartier Maman Mobutu, commune de Mont-Ngafula, les stigmates du chaos sont visibles à chaque coin. Des murs effondrés, des câbles électriques menaçant de tomber, des familles réfugiées sur les décombres de leurs maisons. La pluie torrentielle de jeudi soir n’a pas seulement surpris, elle a ravagé. Ce vendredi matin, le silence pesant des sinistrés contraste avec le fracas de la veille.
“Nous avons frôlé la mort”, raconte une habitante, encore tremblante. Son mari, couvert de boue, dégage les restes d’un hangar écrasé. “Les eaux entraient avec une pression incroyable”, dit-elle. “Le mur des voisins s’est écroulé, et tout a été emporté.” Dans les regards fatigués des enfants, une même expression d’incompréhension devant un drame aussi brutal qu’injuste.
Mais pour beaucoup, ce n’est pas une fatalité naturelle, c’est une tragédie annoncée. Monsieur Teka, un habitant du quartier, pointe du doigt l’incurie des autorités. “Les caniveaux de l’avenue Elengesa sont trop étroits, et la canalisation sur la route Bypass est constamment bouchée. Quand il pleut fort, l’eau n’a nulle part où aller, sauf ici, en bas, chez nous”, relate-t-il. Son doigt montre la vallée dévastée.
En haut du quartier, le chef Ekwiga arpente les ruelles, carnet en main. Il dresse la liste des maisons détruites et tente d’estimer l’ampleur du désastre. “Six maisons complètement anéanties pour l’instant, mais on n’a pas encore fini. Il faut descendre jusqu’à la rivière pour tout évaluer”, soupire-t-il, dépassé. À chaque nouveau pas, il découvre des familles entassées dans ce qu’il reste de leurs parcelles.
Sur le point de jonction entre Elengesa et Bypass, le sol s’est fissuré comme une blessure ouverte. Une large tranchée s’est formée, preuve que la pluie a creusé au cœur même de la route. L’asphalte éventré laisse passer les eaux qui, sans maîtrise, continueront à saccager tout sur leur passage si rien n’est fait.
En attendant une réponse des autorités, les habitants de Maman Mobutu se battent seuls contre les conséquences d’un urbanisme défaillant. Ici, la nature a repris ses droits, mais c’est l’abandon des hommes qui a précipité la catastrophe.