Kinshasa, 9 mai 2025 — L’Observatoire de la dépense publique (ODEP) a exprimé sa profonde indignation suite à la révocation de Jules Alingete à la tête de l’Inspection Générale des Finances (IGF). Dans un communiqué publié jeudi, l’organisation pointe une décision motivée par des intérêts politiques et personnels, qualifiant l’éviction d’Alingete de véritable recul dans la lutte contre la corruption.
Selon l’ODEP, cette révocation serait la conséquence directe d’un chantage à peine voilé exercé par l’ancien ministre des Finances, Nicolas Kazadi, récemment limogé et aujourd’hui cité dans plusieurs affaires de malversations. Ce dernier, impliqué dans les scandales liés aux forages et aux lampadaires, aurait reconnu avoir participé au partage anticipé de fonds publics, avant même le lancement des travaux.
Malgré ces accusations graves, Kazadi aurait continué à solliciter les faveurs du président de la République et à viser des fonctions stratégiques, notamment à la Banque Centrale. L’ODEP rappelle qu’il a été à l’origine de nombreux dépassements budgétaires, de marchés passés de gré à gré et de plus de 300 paiements urgents effectués en 2022, dont une soixantaine au bénéfice de la Présidence.
L’organisation souligne qu’en juillet 2020, Jules Alingete avait initié une dynamique sans précédent au sein de l’IGF. Grâce à lui, l’Inspection est devenue un véritable rempart contre le détournement des deniers publics. Ses enquêtes ont révélé des réseaux de prédation jusque-là intouchables, renforçant la redevabilité dans une gouvernance longtemps gangrenée par l’impunité.
Dans ses recommandations, l’ODEP appelle le Président Tshisekedi à préserver les acquis du mandat Alingete. Elle demande également l’arrestation de Nicolas Kazadi pour sa gestion opaque des fonds publics, propose au FMI de diligenter un audit indépendant depuis 2019, exhorte les États-Unis à suspendre l’accord “minerais contre paix”, et invite les bailleurs de fonds à stopper toute aide budgétaire susceptible d’alimenter la corruption.