Kinshasa, 12 mai 2025- Alors que les États-Unis intensifient leurs efforts diplomatiques pour mettre fin au conflit dans l’Est de la RDC, l’ONG Human Rights Watch tire la sonnette d’alarme. Dans une déclaration publiée ce lundi, l’organisation américaine dénonce l’oubli de la justice dans les négociations en cours entre la RDC et le Rwanda. Pour HRW, toute démarche de paix doit impérativement passer par la reconnaissance des crimes commis et la poursuite de leurs auteurs.
L’ONG considère comme préoccupant le fait que les discussions ignorent la problématique des sanctions contre les responsables des crimes de guerre. Selon elle, cette omission affaiblit les fondements mêmes d’un accord durable. “Les efforts déployés par les États-Unis pour mettre fin au conflit armé actuel dans la région africaine des Grands Lacs semblent ignorer un facteur clé des hostilités : l’incapacité historique des autorités de la région à punir les responsables des atrocités commises dans l’est de la République démocratique du Congo”, peut-on lire sur son site.
HRW estime que la lutte contre l’impunité devrait être au cœur des négociations. En effet, selon ses enquêtes, des crimes graves ont été perpétrés aussi bien par des responsables militaires rwandais que congolais, ainsi que par les groupes armés tels que les Wazalendo et le M23. Dans ce contexte, toute réconciliation qui ne mettrait pas en lumière ces violations ne serait que superficielle et vouée à l’échec.
En ce qui concerne l’accord sur les minerais précieux signé entre Kinshasa et Washington, Human Rights Watch le juge potentiellement prometteur. Toutefois, l’ONG émet des réserves sur sa portée réelle, tant que les États supposément impliqués dans le soutien aux groupes armés ne sont pas eux-mêmes tenus pour responsables. Elle appelle à une transparence totale dans la chaîne d’approvisionnement et un encadrement strict pour empêcher que ces ressources ne continuent à financer les violences.
HRW s’étonne surtout que jusqu’à présent, aucun mécanisme concret de justice transitionnelle ou de tribunal international n’ait été proposé. L’ONG rappelle que la paix véritable ne peut émerger que lorsque les victimes obtiennent réparation et que les auteurs des crimes les plus graves sont traduits en justice. L’oubli de cette dimension ne ferait que raviver les frustrations dans les régions meurtries par les conflits.
Alors que les négociations se poursuivent dans un climat diplomatique tendu, Human Rights Watch appelle les États-Unis, l’Union africaine et les Nations Unies à placer la justice au cœur du processus. Pour l’ONG, il ne s’agit pas seulement de signer un accord, mais de garantir que ce dernier soit fondé sur des principes durables, afin que l’est de la RDC sorte enfin du cycle infernal de violences et d’impunité.