Kinshasa, 22 mai 2025- La séance plénière du mercredi à l’Assemblée nationale a tourné à la révolte parlementaire. En cause, l’arrêt controversé de la Cour constitutionnelle condamnant l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo à dix ans de travaux forcés pour détournement de fonds publics. Plusieurs députés nationaux ont dénoncé une décision «injuste» et «entachée d’irrégularités», estimant qu’elle viole les immunités parlementaires toujours valables pour leur collègue.
Marcel Zuma Anibie, député de Bondo, a été l’un des premiers à hausser le ton. “Nous refusons que des décisions injustes, entachées d’irrégularités, soient appliquées au nom du Président de la République. La justice vient de subir un revers que nous ne saurions tolérer”, a-t-il déclaré avec fermeté. Il a plaidé pour que l’Assemblée nationale saisisse la Cour constitutionnelle en vue de la suspension de cette décision, tout en invoquant les articles 107 de la Constitution et 105 du règlement intérieur.
Pour cet élu, cette condamnation constitue une erreur judiciaire grave, contraire à l’esprit de l’État de droit. “La Cour constitutionnelle, censée incarner l’autorité suprême du droit, ne peut se permettre de violer les principes qu’elle est censée protéger”, a-t-il insisté, appelant à une réaction institutionnelle vigoureuse pour préserver l’indépendance du pouvoir législatif.
Alfred Dibandi Nzondomyo, un autre député indigné, a renchéri en évoquant une “insécurité juridique généralisée” pour les parlementaires. “Notre juge naturel est la Cour de cassation, et toute poursuite contre nous doit être précédée d’une levée d’immunité. Or, ce principe fondamental vient d’être bafoué”, a-t-il fustigé.
Il a souligné que les immunités des élus ne peuvent être réduites à une simple formalité. “Nous assistons à une forme d’immunité théorique. Si cela continue, n’importe lequel d’entre nous pourrait être exposé sans protection”, a-t-il décrié. Une déclaration qui a provoqué un murmure inquiet dans l’hémicycle.
Alors que la pression monte sur le bureau de l’Assemblée nationale, la question reste en suspens. Cette institution va-t-elle se ranger derrière l’un des siens pour contester une décision judiciaire, ou céder à la logique de l’indépendance des pouvoirs ? La suite pourrait bien redéfinir les rapports entre la justice et le Parlement en RDC.