Kinshasa, 22 mai 2025- Dans les profondeurs minières de Walikale, au Nord-Kivu, l’or et la cassitérite attirent désormais bien plus que les creuseurs artisanaux. Des militaires des FARDC et des éléments Wazalendo sont signalés dans plusieurs sites miniers, au mépris du code minier congolais qui interdit toute présence armée sur ces sites. Cette situation alarmante, dénoncée par des organisations de la société civile et des chefs coutumiers locaux, menace non seulement la stabilité, mais aussi la transparence de l’exploitation minière dans cette région stratégique.
Dans le groupement Utunda, l’un des pôles miniers du secteur des Wanianga, la tension monte. Le secrétaire administratif du groupement, Shemwiso Bitashimwa Jean, parle d’une “surmilitarisation à but lucratif”, où soldats réguliers et groupes Wazalendo se disputent les puits d’or pour des gains privés. Le développement local, espéré grâce aux richesses du sous-sol, se retrouve ainsi paralysé par des intérêts militaires détournés.
Le Bureau d’études et d’appui au développement de Walikale (BEDEWA) renforce cette alerte. Son coordinateur, Me Obedi Kamala, décrit une réalité inquiétante dans le groupement Bafuna, où deux groupes armés rivaux contrôlent des sites miniers validés. Selon lui, cette dynamique installe un climat de peur et de confusion, risquant de compromettre la crédibilité des efforts de traçabilité des minerais dans la région.
L’administration minière locale confirme l’existence de cette présence indue d’hommes en armes. Jérémie Kisangula, chef de service adjoint des mines dans le secteur des Wanianga, souligne que des séances de sensibilisation sont en cours. Il se veut rassurant en affirmant que certains militaires commencent à se retirer progressivement, mais la méfiance reste de mise sur le terrain.
Pour les acteurs de la société civile, cette situation met en péril l’ensemble du processus de gouvernance minière dans une zone longtemps secouée par l’insécurité. Ils appellent les autorités provinciales et nationales à intervenir sans délai afin de restaurer l’autorité de l’État et libérer les sites miniers de toute emprise armée.
Alors que la RDC tente de crédibiliser son secteur minier à l’international, le cas de Walikale rappelle combien le chemin reste semé d’embûches. Entre exploitation illégale, militarisation des mines et silence complice, la promesse d’une mine au service du développement collectif semble encore bien lointaine.