Kinshasa, 23 mai 2025 – Vingt-quatre heures après la levée des immunités de l’ancien président Joseph Kabila par le Sénat, les réactions s’enchaînent pour dénoncer les dérives politiques et juridiques de cette démarche controversée.
Dans une interview accordée ce vendredi à Enquête.cd, Dan Ngoy Mulunda, président de la Ligue des jeunes du parti ENVOL à Likasi, proche de l’opposant Delly Sessanga, a exprimé de vives réserves sur la légalité et l’impartialité de la procédure. Selon lui, ce dossier est “hautement controversé” et soulève “de sérieuses interrogations constitutionnelles”.
Kabila est accusé de trahison, de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et de participation à un mouvement insurrectionnel. Des chefs d’accusation d’une extrême gravité qui, selon Dan Ngoy, “relèvent de la compétence des juridictions militaires”. Il estime que les partisans de l’ancien président pourraient légitimement dénoncer une manœuvre politique visant à “neutraliser un acteur influent”.
Sur le fond, Dan Ngoy questionne le respect des procédures légales. “Le Sénat a-t-il rigoureusement suivi la Constitution et son propre règlement intérieur ? Le droit à la défense a-t-il été pleinement garanti, même en l’absence volontaire de Joseph Kabila ?”, s’interroge-t-il. Il souligne aussi les doutes sur l’indépendance réelle du Sénat, évoquant une possible pression de l’Exécutif. “La solidité des preuves présentées par l’Auditeur général doit être irréprochable pour justifier une telle décision”, insiste-t-il.
Enfin, il met en garde contre les implications d’une telle démarche. “C’est une première historique en RDC. La manière dont ce dossier sera traité créera un précédent juridique et politique majeur, qui influencera la manière dont les futurs anciens présidents seront considérés.”, conclut-il. À ses yeux, cette affaire dépasse le cadre judiciaire et prend une tournure éminemment politique.