Kinshasa, 26 mai 2025- Alors que les combats s’intensifient dans l’Est de la RDC face à l’offensive du M23 soutenue par le Rwanda, une vive passe d’armes politique oppose l’ancien président Joseph Kabila à l’actuel pouvoir de Kinshasa. Dans un discours prononcé le 24 mai, Joseph Kabila a pointé du doigt la «mauvaise gouvernance» de Félix Tshisekedi, l’accusant d’être à l’origine de la déroute militaire.
“Les FARDC ne sont pas mauvais”, a affirmé l’ancien chef de l’État. “Pour les avoir formés, commandés et conduits au front, je sais que leur contre-performance actuelle est due à la qualité du commandement et à la prise en charge défaillante”. Pour lui, les erreurs sont stratégiques, politiques et même ethniques dans les nominations militaires.
Des propos aussitôt rejetés par le secrétaire général de l’UDPS, Augustin Kabuya, qui a riposté lors d’une matinée politique le lendemain à Kinshasa. “Joseph Kabila s’est permis de mentir”, a-t-il déclaré devant une base militante conquise. “Je n’ai jamais vu quelqu’un avoir autant le souci des militaires que le président Tshisekedi”.
Le chef du parti présidentiel est allé plus loin, en insinuant que les militaires eux-mêmes ne reconnaissent plus l’autorité morale du FCC. “S’ils avaient vu Kabila sur le front, ils auraient pu tirer sur lui !”, a-t-il lancé, évoquant les conditions de vie déplorables laissées par l’ancien régime.
Augustin Kabuya a vanté les initiatives prises par Tshisekedi, notamment les visites dans les camps, la hausse des salaires et les infrastructures construites en faveur des familles de militaires. “L’hôpital du Camp Tshatshi, Kabila l’a-t-il laissé ? Les écoles pour les enfants des soldats, il les a construites ?”, a-t-il interrogé.
Joseph Kabila, lui, persiste. Selon lui, l’État a abandonné son armée au profit de groupes armés, de mercenaires et de forces étrangères, compromettant gravement la souveraineté nationale. “L’État a perdu le monopole de la violence légitime”, a-t-il alerté, dénonçant une sous-traitance sécuritaire suicidaire.
Il accuse également le régime actuel de pratiquer des mises à l’écart et des arrestations ciblées contre des officiers et agents de sécurité swahiliphones, réduisant l’unité et l’efficacité de l’appareil militaire.
Dans ce duel à distance entre deux visions du pouvoir et de la sécurité, l’armée congolaise, pourtant en première ligne, reste otage des querelles politiques. Pendant ce temps, la situation sur le terrain continue de se dégrader, au grand désarroi des populations de l’Est.