Kinshasa, 26 mai 2025- Le réveil a été brutal ce lundi à Kiringi, un village du territoire de Masisi au Nord-Kivu, où au moins onze corps en état de décomposition ont été découverts au petit matin. Ces civils, selon les notables locaux, seraient des victimes collatérales d’un affrontement meurtrier entre les rebelles du M23 et les miliciens Wazalendo, survenu le vendredi précédent. Un nouvel épisode dramatique qui s’ajoute à la longue liste de violences endurées par les populations de l’Est congolais.
Outre les pertes humaines, les dégâts matériels sont considérables. Plusieurs maisons ont été réduites en cendres, abandonnant leurs propriétaires à l’errance. Dans cette zone disputée de Bashali Mukoto, les combats entre groupes armés se multiplient. Ces deux dernières semaines, les affrontements se sont intensifiés, notamment dans le groupement de Bukombo, dans le territoire voisin de Rutshuru, causant d’autres pertes civiles.
Cette découverte macabre intervient dans un contexte sécuritaire déjà lourd. Il y a à peine deux mois, une autre attaque d’une rare cruauté avait endeuillé la région. Le village de Kabale-Katambi et la ville de Goma avaient été frappés par une attaque nocturne. Une famille entière, soit neuf personnes, avait été exécutée par des hommes armés, portant un coup de plus à la population déjà traumatisée.
Loin d’un simple bilan, ces morts s’inscrivent dans une spirale de violences où les civils sont systématiquement pris entre deux feux. Que ce soit le M23 ou les groupes d’autodéfense comme les Wazalendo, tous semblent ignorer les règles du droit international humanitaire. Chaque affrontement transforme les villages en champs de ruines, et les habitants en cibles impuissantes.
Face à cette situation, les appels à l’action se multiplient, mais peinent à se traduire en mesures concrètes. Les ONG locales tirent la sonnette d’alarme, exigeant que des enquêtes indépendantes soient menées et que la protection des civils devienne une priorité effective. Pendant ce temps, à Kiringi comme ailleurs, le silence des morts pèse plus lourd que les discours.