Kinshasa, 27 mai 2025- À peine arrivé à Goma, Joseph Kabila n’a pas perdu de temps. L’ex-chef de l’État devenu, sénateur à vie, a aussitôt réuni ses collaborateurs pour finaliser un programme d’activités. Celui-ci, selon ses proches, vise à engager des consultations larges avec les forces vives locales.
“Il doit les écouter, il est dans une démarche de recherche d’une solution durable, il faut qu’il écoute tout le monde, ce que chacun pense de ce qui se passe”, confie une source au sein de son entourage.
Longtemps silencieux, Kabila a décidé de sortir de sa réserve. Profitant de ce séjour au Nord-Kivu, il dresse un constat sévère de la gouvernance actuelle. Pour lui, la situation est dramatique. “La volonté du Chef de l’État tient désormais lieu de loi suprême, supplantant la Constitution et les lois”, dénonce-t-il, accusant le régime Tshisekedi de dérive autoritaire et de mauvaise gestion économique.
Face à ce qu’il qualifie de crise « profonde et multidimensionnelle », Joseph Kabila appelle à la signature d’un « pacte citoyen ». Ce plan, articulé autour de douze propositions, entend « restaurer la stabilité, la démocratie et le développement ». En se positionnant comme rassembleur, l’ancien Président tente manifestement de réactiver son influence politique, notamment à l’Est, où il conserve un certain ancrage.
Ce retour sur la scène intervient alors qu’un nuage judiciaire plane sur lui. Le Sénat vient de lever ses immunités, ouvrant la voie à des poursuites pour « complicité avec la rébellion de l’AFC/M23 ». Une coïncidence qui alimente les spéculations. Mais loin de fuir, Kabila affirme vouloir affronter les défis. Son agenda prévoit même des rencontres avec les représentants des mouvements rebelles.
Entre posture d’homme d’État et riposte calculée, Joseph Kabila cherche à transformer une attaque judiciaire en opportunité politique. La publication de son agenda ce mardi sera scrutée de près, alors que son avenir politique et peut-être judiciaire semble jouer une nouvelle partition à Goma.