Kinshasa, 27 mai 2025- Le dossier relatif au détournement présumé des fonds alloués à la construction de la prison de Kisangani prend des allures de confrontation politique. Alors que deux commissions parlementaires présentent leur rapport ce mercredi, l’ambiance s’annonce tendue à la Chambre basse. En cause, la requête du procureur général près la Cour de cassation qui vise à obtenir la levée des immunités du ministre de la Justice, Constant Mutamba.
Lundi 26 mai, c’est devant les cadres de son ministère que Constant Mutamba a choisi de riposter publiquement. Dans une vidéo devenue virale, le ministre n’a pas mâché ses mots. Il accuse ouvertement le procureur général d’un « complot » orchestré pour salir sa réputation. Une déclaration ferme, perçue comme un contre-feu stratégique à la veille d’une plénière décisive.
Plus qu’une simple défense, le garde des sceaux revendique des preuves accablantes de corruption impliquant ses détracteurs. “Ils ont dit que j’ai fui à partir de la Tanzanie, je suis venu les affronter”, a-t-il lancé avec défi. Une posture guerrière qui installe un climat de suspicion autour des motivations réelles de la procédure judiciaire en cours.
Au-delà des faits, l’affaire révèle un affrontement inédit entre les deux piliers de l’État qui sont la justice et le pouvoir exécutif. Si la levée d’immunité est actée, cela ouvrirait une brèche historique dans la gestion de la responsabilité des ministres en RDC. Dans le cas contraire, les institutions risquent d’en sortir affaiblies, chacune accusant l’autre d’instrumentalisation.
Entre révélations, accusations croisées et calculs politiques, l’opinion publique observe avec attention l’évolution de ce dossier qui pourrait bien redéfinir les rapports de force à Kinshasa. La plénière prévue ce mercredi s’annonce décisive. Elle dira si la justice pourra mener son enquête jusqu’au bout ou si la politique reprendra, une fois de plus, le dessus.