Kinshasa, 28 mai 2025- Dans une décision qui marque un tournant dans la gestion des finances publiques, la Première ministre Judith Suminwa tape du poing sur la table. Dans une correspondance adressée au président Félix Tshisekedi et aux membres de son gouvernement, elle dénonce le recours abusif à la procédure de gré à gré dans l’attribution des marchés publics en RDC.
Cette procédure dérogatoire, censée être exceptionnelle, est selon elle devenue une porte ouverte à l’opacité et aux arrangements douteux. “Les motifs avancés dans plusieurs dossiers récemment examinés ne satisfont pas aux exigences légales permettant de recourir à cette procédure”, déplore-t-elle dans sa lettre, dont copie a été réservée au directeur général de l’Autorité de régulation des marchés publics (ARMP).
Le constat est accablant. Des entreprises choisies sans appel d’offres n’auraient ni l’expérience, ni les moyens techniques ou financiers pour exécuter les marchés. Le résultat se traduit par un gaspillage des fonds publics, des retards dans l’exécution des projets et une perte de confiance dans la gouvernance. “Cela porte atteinte aux principes fondamentaux de transparence, d’efficacité, de bonne gestion des deniers publics”, alerte la cheffe du gouvernement.
Face à cette dérive, la cheffe de l’exécutif impose désormais une série de mesures conservatoires strictes. Désormais, toute demande de contrat de gré à gré dépassant le seuil d’un appel d’offres international devra passer par une autorisation spéciale de la Primature. Et ce, avec un dossier complet et rigoureusement documenté.
“Les autorités contractantes doivent me transmettre systématiquement une copie de leurs dossiers de demande d’autorisation spéciale”, écrit-elle. Ces dossiers devront prouver la disponibilité des crédits, fournir des documents légaux de la société retenue, ses capacités techniques et son expérience dans des marchés similaires.
Autre nouveauté, aucun contrat ne pourra être signé sans cette approbation préalable. À ce stade, seuls les parapheurs seront acceptés, le temps que toutes les vérifications soient faites. Une manière claire de couper court à toute précipitation ou arrangement en coulisse.
La Première ministre met en garde contre toute tentative de passer outre ces exigences. Des sanctions sont prévues contre les contrevenants, même au sein de l’administration. Avec cette nouvelle posture, Suminwa entend restaurer la confiance dans les finances publiques et marquer une rupture avec les pratiques du passé.

