Kinshasa, 28 mai 2025- Le retour de Joseph Kabila à Goma continue de susciter une avalanche de réactions au sein du gouvernement. Lors d’un briefing conjoint organisé ce mardi à la RTNC, les ministres Julien Paluku et Patrick Muyaya ont exprimé leur inquiétude, allant jusqu’à suggérer une stratégie politique sous-jacente derrière cette présence silencieuse mais symbolique dans l’Est du pays.
Ancien gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku n’a pas mâché ses mots. D’un ton chargé de suspicion. “Je me pose la question : est-ce réellement lui à Goma ou juste son ombre ?”, lance-t-il. Une formule énigmatique qui laisse entendre que le retour de l’ex-président pourrait relever d’une opération politique soigneusement orchestrée, plutôt que d’un simple acte de proximité avec la population.
Mais ce n’est pas tant la visite elle-même que le profil de ceux qui l’entourent qui inquiète le ministre du Commerce extérieur. “Je vois cet homme-là entouré de ceux qui ont pris les armes contre la République. C’est troublant”, a-t-il déclaré, faisant référence à d’anciens acteurs armés aujourd’hui reconvertis dans la politique et réapparus aux côtés de Kabila.
Le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, a pour sa part dénoncé une tentative de « raviver des tensions historiques » en évoquant les récentes déclarations attribuées à l’ancien président sur la « fin de la tyrannie ». “Venir parler aujourd’hui de fin de tyrannie, c’est envoyer un message dangereux aux populations de Goma et d’ailleurs”, a-t-il prévenu, voyant dans cette rhétorique une volonté de polariser à nouveau le débat national.
Dans un contexte sécuritaire fragile à l’Est, les deux ministres appellent à la vigilance et à l’unité. “Les Congolais n’ont plus besoin du passé de guerre, de corruption, ni de compromissions avec le Rwanda. Il est temps de nous unir pour vaincre les supplétifs du Rwanda”, a martelé Patrick Muyaya, réaffirmant l’engagement du gouvernement à pacifier la région sous l’autorité de Félix Tshisekedi.
Joseph Kabila, quant à lui, reste silencieux. Selon ses proches, il prévoit d’entamer ce mercredi 28 mai une série de consultations avec des leaders religieux, des membres de la société civile et de l’opposition non armée. Si ses partisans parlent d’un « geste d’écoute et de réconciliation », ses détracteurs y voient une manœuvre pour réinvestir la scène politique nationale. Le mystère plane, et le débat reste plus que jamais ouvert.