Kinshasa, 29 mai 2025- Un nouveau tournant vient d’être pris dans le bras de fer judiciaire opposant le ministre d’État à la Justice, Constant Mutamba, au procureur général près la Cour de cassation. La Commission spéciale et temporaire de l’Assemblée nationale a autorisé, ce mercredi, l’ouverture d’une instruction judiciaire à son encontre, dans le cadre d’un présumé détournement de 39 millions de dollars destinés à la construction de la prison de Kisangani.
Sur les 19 membres de cette commission parlementaire, 17 députés ont voté pour, et seulement deux contre, validant ainsi l’option d’un renvoi du dossier devant la justice. Le sort final de Constant Mutamba est désormais entre les mains de la plénière de la chambre basse du parlement, appelée à se prononcer d’ici la fin de la semaine. Un vote favorable ouvrirait officiellement la voie à des poursuites judiciaires.
Dans une vidéo virale qui a circulé récemment sur les réseaux sociaux, le ministre Mutamba n’avait pas mâché ses mots, dénonçant ce qu’il qualifie de « complot » ourdi contre sa personne. “Ils ont dit que j’ai fui à partir de la Tanzanie, je suis venu les affronter”, avait-il lancé, tout en promettant de dévoiler des preuves accablantes de corruption.
Pourtant, la situation pourrait se retourner contre lui. S’il est convoqué, le garde des sceaux devra comparaître devant le procureur Firmin Mvonde Mambu, un scénario qu’il avait publiquement écarté il y a quelques semaines, affirmant qu’il ne reconnaissait pas l’autorité du Haut magistrat du parquet civil. L’opinion publique attend désormais de voir s’il tiendra ses promesses ou s’il changera de stratégie face à la pression judiciaire.
Cette affaire s’inscrit dans un contexte de plus en plus tendu entre institutions, où les accusations de corruption et les passes d’armes médiatiques minent la confiance des citoyens dans la gouvernance et la justice. Le dossier Mutamba pourrait devenir un test grandeur nature de la capacité de l’État à faire respecter le principe de redevabilité, même au sommet.