Kinshasa, 11 juin 2025 – Les discussions en vue d’un accord de paix entre la RDC et le Rwanda progressent sous la médiation américaine. Après la signature d’une déclaration de principes et la soumission d’un projet d’accord à Kinshasa et Kigali, les négociations prennent un tournant stratégique. Les États-Unis exigent le retrait préalable des forces rwandaises de l’Est congolais, comme condition sine qua non à toute signature formelle.
D’après un document confidentiel consulté par Reuters, le projet d’accord demande expressément que « les troupes, armes et matériels militaires du Rwanda soient retirés du sol congolais avant toute ratification officielle ». Quatre sources diplomatiques confirment l’authenticité de ce texte, rédigé par des représentants américains, dans le but de mettre fin aux hostilités et d’ouvrir la région des Grands Lacs à des investissements massifs dans le secteur minier.
“Le projet va au-delà de la déclaration de principes signée en avril à Washington par les ministres des Affaires étrangères des deux pays en présence du secrétaire d’État américain Marco Rubio”, a précisé Reuters. Toutefois, cette exigence pourrait heurter Kigali, qui accuse régulièrement la RDC d’héberger des milices hostiles au Rwanda, notamment les FDLR, liés au génocide de 1994.
Malgré les tensions, les échanges se poursuivent. Le Rwanda n’avait pas encore formulé de réponse officielle au projet américain la semaine dernière, mais le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, a confirmé la tenue prochaine d’une réunion entre experts rwandais et congolais à Washington, visant à discuter du contenu du texte et de ses implications.
Le projet d’accord prévoit aussi la création d’un mécanisme de coordination sécuritaire conjoint. Ce dispositif inclurait des observateurs militaires internationaux et rwandais, chargés de surveiller la présence résiduelle des FDLR sur le territoire congolais. Pourtant, plusieurs analystes soulignent que cette milice ne représente plus une menace militaire crédible, même si Kigali continue de s’en servir comme justification de son intervention.
Autre point sensible du texte, la reconnaissance du M23 comme partie prenante au dialogue national. Kinshasa serait appelé à autoriser la participation de ce groupe armé, considéré comme terroriste, « sur un pied d’égalité avec les autres groupes non étatiques de la RDC ». Une proposition délicate pour le gouvernement congolais, alors que des pourparlers directs sont déjà en cours entre Kinshasa et le M23 pour faire cesser les combats.
Dans un briefing avec la presse en mai, l’ambassadeur américain Troy Fitrell avait insisté sur l’importance d’un règlement rapide. ”Je dirais que si vous aviez attendu un accord de paix complet, vous auriez attendu pendant les 30 dernières années. (…) Nous voulons une évolution rapide. Et jusqu’à présent, les choses vont dans ce sens”, a-t-il expliqué.
En toile de fond, les négociations entre Kinshasa et Washington pour sécuriser un partenariat sur les minerais stratégiques battent leur plein. Alors que le M23 contrôle encore plusieurs zones clés dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu, y compris Goma et Bukavu, les intérêts géostratégiques américains dans la région s’alignent clairement sur la stabilisation du conflit.