Kinshasa, 12 juin 2025- À quelques jours de la clôture de la session parlementaire de mars, l’Assemblée nationale s’apprête à examiner deux dossiers explosifs, celui de Constant Mutamba, ministre de la Justice, et de Nicolas Kazadi, ex-ministre des Finances. Le rapporteur de la chambre basse, Jacques Djoli, a confirmé que les deux commissions spéciales mises en place ont déjà finalisé leurs rapports, qui seront soumis à l’appréciation des députés avant ce dimanche 15 juin.
Dans le cas de Constant Mutamba, le second réquisitoire du Procureur général près la Cour de Cassation, Firmin Mvonde, vise l’obtention d’une autorisation de poursuites. Le magistrat y affirme que les déclarations du ministre, lors de ses auditions, ont davantage renforcé les soupçons pesant sur lui au lieu de les dissiper. L’affaire concerne la gestion controversée d’un fonds destiné à la construction d’un centre pénitentiaire à Kisangani, un projet toujours à l’arrêt.
Ce chantier, présenté comme crucial pour l’amélioration des conditions carcérales dans la province de la Tshopo, est aujourd’hui bloqué, sans justification claire sur le sort des fonds alloués. C’est dans ce contexte que les soupçons de détournement ont éclaté, entraînant une série de réquisitoires du parquet, dont l’un, relatif à un éventuel outrage à la magistrature, a finalement été écarté par la chambre pour se concentrer sur le dossier principal.
Interrogé sur la récusation de Firmin Mvonde demandée par Mutamba, le rapporteur Jacques Djoli a précisé que l’Assemblée nationale n’interférera pas dans la procédure judiciaire elle-même. “Nous restons dans le cadre strictement parlementaire de traitement des réquisitoires”, a-t-il déclaré, balayant les tentatives de lier le débat parlementaire aux tensions entre le Garde des Sceaux et le ministère public.
Concernant l’ancien ministre des Finances Nicolas Kazadi, le dossier repose sur ses propos lors d’une émission télévisée du 4 mars 2025. Il est poursuivi pour propagation de faux bruits et divulgation de secrets d’État. Le parquet considère que ses déclarations ont porté atteinte à la sécurité de l’État et exigent que la chambre lève son immunité.
Dans un climat politique déjà tendu, l’Assemblée nationale se retrouve ainsi face à un double test, celui de préserver l’équilibre institutionnel tout en garantissant la redevabilité des hauts responsables. La plénière à venir s’annonce donc décisive pour l’image de l’institution parlementaire et l’indépendance de la justice congolaise.