Kinshasa, 17 juin 2025- De plus en plus en décalage avec la ligne officielle du pouvoir, Vital Kamerhe, président de l’Assemblée nationale, ne cesse d’attiser les tensions au sein de la majorité parlementaire. Sa récente déclaration sur un prétendu massacre de 318 personnes à Moba, immédiatement démentie par l’armée et les autorités locales, a créé un tollé. Mais c’est surtout sa dénonciation publique du non-paiement des fonctionnaires dans les zones occupées par le M23 qui enflamme les débats.
“Il ne faut pas que la guerre puisse constituer un alibi… À l’époque de l’occupation ougando-rwandaise, le pays était occupé au 3/4 mais les salaires étaient payés”, a-t-il martelé, s’attirant ainsi les critiques des proches du président Tshisekedi. Cette sortie, jugée déstabilisante, renforce l’image d’un Kamerhe en rupture de ton avec la majorité, voire en quête d’un positionnement politique autonome.
Le précédent épisode de l’affaire Matata Ponyo avait déjà mis en lumière cette divergence. Kamerhe s’était alors opposé à une levée précipitée de l’immunité parlementaire de l’ancien Premier ministre, accusé de détournement dans le dossier Bukanga-Lonzo. Une posture perçue comme un geste de protection politique, qui avait surpris jusque dans les plus hautes sphères du régime.
Ces sorties à répétition laissent entrevoir, selon plusieurs analystes, une stratégie de démarcation soigneusement orchestrée. À l’Assemblée, des murmures se font entendre. Certains élus estiment que Kamerhe préparerait déjà le terrain pour une candidature en 2028. Dans l’ombre des projecteurs, son ambition semble désormais difficile à dissimuler.
En attendant, sa liberté de ton, saluée par certains comme un signe de maturité démocratique, embarrasse profondément une majorité qui peine à maîtriser son propre président. Kamerhe, toujours dans les institutions, agit déjà comme un homme en campagne.