Kinshasa, 19 juin 2025- En RDC, une série d’enquêtes en cours secoue les réseaux présumés de financement liés à l’ancien président Joseph Kabila. Depuis plusieurs mois, les services de sécurité multiplient les interpellations et auditions de personnalités influentes de l’ancien régime, avec un intérêt particulier pour le secteur minier, véritable poumon économique du pays.
D’après des informations obtenues par RFI, les autorités congolaises cherchent à démanteler ce qu’elles qualifient de « cellules dormantes » financières, toujours actives autour de l’ex-chef de l’État. Les enquêteurs concentrent leurs efforts sur des figures clés ayant géré ou bénéficié du secteur minier durant les années Kabila, dont certaines sont soupçonnées d’avoir entretenu des circuits opaques de financement.
L’affaire la plus emblématique est celle de l’avocat Médard Palankoy, en détention depuis plus de trois mois. Spécialiste du droit minier, il a représenté Dan Gertler, homme d’affaires israélo-congolais, réputé très proche de Kabila. Palankoy était aussi le conseiller juridique de Moïse Ekanga, coordinateur de l’ancien contrat sino-congolais. Aujourd’hui en exil, Ekanga est considéré comme un maillon stratégique du système financier de l’ancien régime. Un autre avocat spécialisé dans les mines aurait également été arrêté, mais son nom reste confidentiel.
Parmi les figures politiques interpellées, on retrouve Martin Kabwelulu, ancien ministre des Mines, convoqué pour des concessions minières présumées liées à l’entourage de Kabila. Cependant, c’est le lieu de détention des personnes arrêtées qui alarme les défenseurs des droits humains. Certaines seraient enfermées dans les locaux du Conseil national de la cyberdéfense, structure dépendant directement de la présidence, sans cadre légal clair pour garder des civils.
Cette situation soulève de nombreuses inquiétudes au sein de la société civile. Plusieurs ONG dénoncent un recours à des pratiques extrajudiciaires et exigent le respect des procédures judiciaires. Si cette opération semble marquer une volonté politique de tourner la page des années Kabila, elle pose également la question du respect de l’État de droit.