Kinshasa, 25 juin 2025- Désigné ministre intérimaire de la Justice et garde des sceaux, Samuel Mbemba veut apaiser les tensions héritées de son prédécesseur. Mardi, il a entamé une série de rencontres en recevant les syndicats des magistrats à Kinshasa. Une première prise de contact qui vise à réactiver un cadre de concertation, longtemps rompu, entre l’administration et les acteurs du secteur judiciaire.
Le procureur de la République et président du Syndicat autonome des magistrats du Congo (SYNAMAC), Edmond Isofa, a précisé l’objectif de cette réunion : “Nous avons répondu à l’invitation du ministre (…) et il était question pour lui (…) de prendre contact avec les acteurs de la justice. (…) Les échanges avec lui ont tourné autour de la mise en place d’un cadre de concertation également avec les syndicats des magistrats (…) pour envisager une franche collaboration dans l’intérêt d’une bonne administration de la justice”.
Cette démarche intervient alors que les relations entre la magistrature et le ministre démissionnaire Constant Mutamba s’étaient fortement dégradées. Le SYNAMAC l’accusait d’outrage systématique envers le corps judiciaire, dénonçant des propos jugés populistes et une tendance à diaboliser les magistrats dans ses sorties médiatiques.
Le syndicat dénonçait également une ingérence du ministre dans les décisions judiciaires, allant jusqu’à créer une forme de « tribunaux populaires », où il se substituait aux rôles de juge et de procureur. À plusieurs reprises, Mutamba avait publiquement qualifié certaines décisions de justice « d’iniques », et ordonné l’arrestation de magistrats sans base légale claire.
Le point de rupture avait été atteint lorsqu’il avait accusé les juges d’appartenir à un « réseau maffieux », remettant gravement en cause leur crédibilité et leur sécurité. Cette stigmatisation, selon le syndicat, exposait les magistrats à la vindicte populaire et à des représailles, dans un contexte déjà fragile.
Avec cette nouvelle ère ouverte par Samuel Mbemba, les syndicats espèrent rétablir une collaboration constructive, loin de la confrontation. Le défi est de taille : reconstruire la confiance dans un secteur où la justice, censée représenter les fondements de l’État de droit, reste fortement fragilisée.