Kinshasa, 25 juin 2025- Le président de la République, Félix Tshisekedi, a officiellement pris acte de la démission du ministre d’État en charge de la Justice, Constant Mutamba. C’est à travers une correspondance signée par son directeur de cabinet, datée du mardi 24 juin et consultée par Enquête.cd, que la décision a été formalisée. Cette démission survient dans un contexte explosif, mêlant tensions internes au sein du gouvernement et poursuites judiciaires pour détournement présumé de fonds publics.
“(…) Y donnant suite, la Haute hiérarchie prend acte de votre démission de vos fonctions de Ministre d’État, ministre de la Justice et garde des sceaux”, peut-on lire dans la correspondance présidentielle, adressée à l’ancien membre du gouvernement. Le document précise également que la Première ministre Judith Suminwa assurera l’intérim, avec pour mission d’assurer la continuité administrative. “La haute hiérarchie (…) demande à madame la Première ministre, qui me lit en copie, de prendre les dispositions y liées pour assurer la continuité du service et le bon fonctionnement du ministère concerné”, ajoute le texte.
La démission de Mutamba fait suite à la levée récente de son immunité parlementaire par l’Assemblée nationale, à la demande du procureur général près la Cour de cassation. Il est poursuivi pour détournement présumé de deniers publics, bien qu’il nie fermement les faits qui lui sont reprochés. “Je n’ai pris aucun dollar de l’État”, avait-il défendu sur sa lettre de démission, rejetant avec vigueur toute implication dans une quelconque affaire de corruption.
En coulisses, cependant, des sources proches indiquent que la décision de quitter le gouvernement n’aurait pas été entièrement volontaire. Le président Tshisekedi aurait évoqué avec lui la nécessité de démissionner, notamment parce que la Première ministre Suminwa ne souhaitait plus sa présence au sein de l’exécutif. Pour éviter un affrontement frontal au sommet de l’État, le chef de l’État aurait préféré cette sortie par la petite porte.
Sur le plan judiciaire, certaines rumeurs évoquent une possibilité de la clémence de Tshisekedi, qui permettrait à Mutamba d’éviter une arrestation imminente, bien que cela ne soit ni confirmé ni démenti par les autorités compétentes. Son retrait du gouvernement marque un tournant important dans la lutte pour la transparence et la moralisation de la vie publique en RDC.
Ce départ intervient alors que le ministère de la Justice est plus que jamais sous les projecteurs. La vacance à sa tête devra rapidement être comblée pour garantir la stabilité institutionnelle, dans un contexte où la RDC est engagée dans des réformes majeures de son système judiciaire.