Kinshasa, 26 juin 2025- La Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) a tranché en faveur de la RD Congo en se déclarant compétente pour examiner la plainte déposée contre le Rwanda. Kinshasa accuse Kigali de décennies d’agression, de massacres et de pillage de ses ressources naturelles. Une information confirmée par le ministère congolais de la Justice et relayée par l’Agence Congolaise de presse (ACP).
Selon Paul Nsapu, président de la Commission nationale des droits de l’homme en RDC, la Cour a rejeté tous les arguments d’irrecevabilité présentés par le Rwanda. La juridiction panafricaine accorde désormais un délai de 90 jours à Kigali pour soumettre ses conclusions dans cette affaire hautement sensible.
Lors de la première audience tenue à Arusha, en Tanzanie, le 12 février dernier, les avocats rwandais avaient tenté de faire invalider la démarche de Kinshasa en soutenant que les griefs évoqués ne relevaient pas d’un litige juridique entre États. Les représentants de la RDC, quant à eux, avaient vigoureusement défendu la compétence de la Cour, en s’appuyant sur les textes légaux et les faits accumulés au fil des décennies.
Le lendemain, lors de la deuxième audience, la défense rwandaise avait réitéré sa demande de rejet, estimant que la RDC n’avait pas encore épuisé toutes les voies régionales et internationales existantes. Kigali avait même demandé la suspension de la procédure, évoquant une affaire parallèle pendante devant la Cour de justice de l’Afrique de l’Est.
La partie congolaise a maintenu que les accusations portées reposaient sur des preuves concrètes des crimes commis sur son territoire. Les avocats de Kinshasa ont également mis en garde contre le précédent que créerait une décision d’incompétence de la CADHP, soulignant l’importance de la justice panafricaine dans la protection des droits fondamentaux.
Avec cette décision, la Cour africaine envoie un signal fort en acceptant d’instruire un dossier qui pourrait marquer un tournant dans les relations entre les deux pays. Il s’agit également d’un test crucial pour l’efficacité du système continental des droits de l’homme face à des conflits prolongés et complexes.