Kinshasa, 29 juin 2025- L’accord signé entre la RDC et le Rwanda à Washington continue de susciter vives réactions et débats sur son intégralité et sa portée. Parmi les voix critiques, Mike Isem, secrétaire national chargé des sports et loisirs au sein du parti politique ECiDé de l’opposant Martin Fayulu, exprime ses regrets profonds face à ce qu’il qualifie de soumission du régime congolais aux exigences de Paul Kagame.
“Sous réserve de la position de mon parti, en tant que patriote, j’ai pris connaissance de l’accord qui a été signé hier entre la RDC et le Rwanda. J’ai beaucoup de regrets car le régime de Kinshasa affichait aux exigences de Paul Kagame”, déclare-t-il à la rédaction d’Enquete.cd.
Mike Isem soulève ensuite un point crucial qui est l’intégration conditionnelle de certains groupes armés dans les forces de sécurité et de défense congolaises. Pour lui, cette disposition contredit une loi adoptée par l’Assemblée nationale le 8 novembre 2020, qui interdit le mixage et le brassage des combattants.
“Mais ça c’est une autre forme de mixage et de brassage alors que le 8 novembre 2020, si j’ai une bonne mémoire, l’Assemblée nationale avait adopté une loi contre le mixage et le brassage. Et je me pose la question maintenant que dans cet accord, il est prévu l’intégration conditionnelle de quelques militants au sein de nos forces de sécurité et de défense. Est-ce que cet accord sera approuvé par notre Assemblée nationale ? Le mal est que l’Assemblée nationale n’est qu’une caisse de résonance, mais j’en appelle au sens du patriotisme de nos députés nationaux, des pouvoirs faire l’alerte approfondie de cet accord”, s’insurge-t-il.
Pour Mike Isem, cet accord est inopportun, surtout au regard d’une résolution récente du Conseil de sécurité des Nations Unies. Cette résolution 2773 exigeait le retrait des troupes rwandaises du territoire congolais ainsi que la fin de tout soutien au M23. Or, selon lui, elle n’est toujours pas appliquée.
“Si déjà la résolution du Conseil de sécurité, résolution 2773, qui exigeait le retrait des troupes rwandaises de notre territoire et aussi la cessation immédiate de tout soutien du Rwanda aux groupes armés, si cette résolution-là n’a pas été appliquée ou bien mise en œuvre, à combien plus forte raison un simple accord signé entre la RDC et le Rwanda ? Qu’est-ce qui garantit que cet accord-là sera respecté par les Rwandais ?”, s’interroge-t-il.
Une armée en souffrance faute de réforme
L’analyse de Mike Isem sur cet accord est sans appel. Pour lui, la RDC n’y gagne rien, c’est au contraire une perte. Il estime que la paix ne viendra pas des États-Unis tant que l’armée congolaise ne sera pas profondément réformée.
“Félix veut nous faire voir que la paix viendra des États-Unis. Or, si on avait fait une réforme profonde de notre armée, je pense qu’aujourd’hui, on aurait une armée dissuasive, capable de défendre l’intégrité territoriale de notre pays. Dans le concert des nations actuellement, pour se faire respecter, vous devez être fort militairement. Vous devez être fort militairement”, insiste-t-il.
En référence à la stratégie israélienne qui cherche à éviter une guerre interminable contre l’Iran, Mike Isem souligne le retard pris par le président Tshisekedi dans la réforme militaire.
“Félix n’a pas pu faire la réforme de l’armée pendant 7 ans, alors que nous, dans notre programme de gouvernance, nous l’avons bien dit que nous serions en mesure de faire la réforme profonde de l’armée dans l’espace de 5 ans”, confie-t-il.
Pour conclure, Mike Isem reproche au chef de l’État d’avoir été distrait par des voyages et des futilités, au lieu de consacrer des moyens à la modernisation et au recrutement des forces de sécurité et de défense.
“Tshisekedi était dans la distraction, dans les voyages, dans la futilité, en lieu et place de doter des moyens nécessaires à notre armée, en lieu et place de faire un bon recrutement au sein de nos forces de sécurité et de défense, en lieu et place de mettre des moyens pour une bonne formation de nos militaires et de nos agents de services de sécurité et de renseignement”, conclut-il.