Kinshasa, 05 juillet 2025- Les autorités militaires ougandaises ont formellement nié toute implication dans la crise sécuritaire en RDC, alors que des soupçons continuent de peser sur Kampala, accusé par une partie de l’opinion congolaise de jouer un double jeu dans la région. Ce démenti intervient après les récentes conclusions des experts de l’ONU, qui pointent un déploiement non autorisé de troupes ougandaises dans plusieurs localités de l’Ituri, notamment à Bunia, Mahagi et Djugu.
Ces révélations ont ravivé les spéculations sur une possible collusion entre Kampala et la rébellion du M23, mais aussi sur l’ambition présumée de l’Ouganda d’étendre son influence sur une partie de l’Est congolais. Cela alors même que l’armée ougandaise est officiellement engagée, depuis fin 2021, dans une opération conjointe avec les FARDC pour neutraliser les djihadistes ADF, responsables de nombreuses atrocités.
Dans un message relayé sur les réseaux sociaux ce samedi, le chef d’état-major de l’UPDF, Muhoozi Kainerugaba, réputé proche du pouvoir de Kigali, a fermement rejeté les accusations de duplicité. “Je peux vous assurer que nous n’avons jamais planifié d’attaquer la RDC. Si nous l’avions fait, vous pouvez être sûrs que nous serions déjà à Kinshasa. Mais cela n’a jamais été notre objectif”, a-t-il déclaré, insistant ensuite sur le respect par l’Ouganda de ses engagements. “Ce qui est important maintenant, c’est de mettre en œuvre les différents accords. L’Ouganda respecte ses accords bilatéraux avec la RDC ainsi que les accords de la CAE”, a-t-il ajouté.
Depuis le lancement de l’opération conjointe FARDC-UPDF le 30 novembre 2021, les deux pays ont souvent salué les résultats obtenus sur le terrain, notamment dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, où plusieurs bastions des ADF auraient été démantelés. Ce partenariat militaire a récemment été renforcé par un mémorandum d’entente révisé, signé à Kinshasa le 20 juin dernier par les généraux Muhoozi Kainerugaba et Jules Banza Mwilambwe.
Cependant, les experts de l’ONU estiment que la présence militaire ougandaise dépasse le simple cadre sécuritaire. Leur rapport évoque une volonté de Kampala de protéger ses intérêts économiques, en particulier dans le commerce transfrontalier, les ressources minières (notamment l’or), et l’exploitation pétrolière autour du lac Albert. Ce volet géoéconomique vient complexifier davantage la lecture de l’engagement ougandais dans l’Est congolais.
Malgré les critiques, plusieurs observateurs notent que les positions de l’UPDF dans le Nord-Kivu ont contribué à freiner l’avancée du M23 vers des villes stratégiques comme Butembo et Beni. Si l’Ouganda est accusé d’ambiguïté, certains estiment que sa présence sur le terrain a également permis d’éviter des pertes territoriales majeures dans les zones encore contrôlées par l’État congolais.