Kinshasa, 11 juillet 2025- Trois cardinaux originaires du Sud global ont lancé une mise en garde solennelle contre l’exploitation continue des ressources naturelles africaines. Ils dénoncent des siècles d’extractivisme, d’esclavage et de domination économique orchestrés par les puissances dites avancées, responsables selon eux d’un appauvrissement structurel du continent.
Dans un document adressé au pape Léon XIV, les prélats attirent l’attention de la communauté internationale sur les injustices subies par les peuples du Sud. Ils y appellent à une véritable justice climatique, mettant en lumière les déséquilibres historiques et écologiques. Ce plaidoyer, intitulé « Un appel pour la justice climatique et la maison commune : conversion écologique, transformation et résistance aux fausses solutions », a été remis en main propre au souverain pontife. Les auteurs espèrent qu’il en portera les revendications à la COP30 prévue en novembre 2025 à Belém, au Brésil.
Parmi les signataires, le cardinal congolais Fridolin Ambongo a tenu des propos sans détour. “L’Afrique n’est pas un continent pauvre, comme on le dit souvent, mais un continent pillé, saccagé, vandalisé”, a-t-il dénoncé. L’archevêque de Kinshasa a pointé du doigt la responsabilité des grandes puissances industrielles, accusées de piller les métaux critiques nécessaires à la transition énergétique, au prix de la destruction des écosystèmes et de la souffrance des communautés.
Il affirme que cette course effrénée au cobalt, lithium, coltan ou encore au cuivre est l’un des principaux moteurs de l’instabilité sécuritaire sur le continent, et plus particulièrement en République démocratique du Congo. “La course aux minerais stratégiques est aujourd’hui, surtout en Afrique, à l’origine de la prolifération de groupes armés”, a-t-il décrié, évoquant un système mondial où l’enrichissement des uns repose sur la misère des autres.
Les trois cardinaux s’insurgent également contre ce qu’ils nomment le « capitalisme vert ». Selon eux, les mécanismes de compensation carbone et d’économie verte cachent une nouvelle forme d’injustice climatique. “Le continent qui pollue le moins est celui qui paie le prix le plus fort”, ont-ils souligné, rappelant que plus de 500 millions de personnes dans les pays du Sud, particulièrement en Afrique, subissent déjà les effets les plus violents du dérèglement climatique.
Appelant à un véritable tournant, les prélats exigent une transformation du modèle économique mondial. “Nous exigeons une économie qui ne soit plus fondée sur le sacrifice des peuples africains pour en enrichir d’autres”, a plaidé une fois de plus le cardinal Ambongo, insistant sur l’urgence d’un changement de paradigme.