Kinshasa, 09 septembre 2025- Le juriste et libre penseur Claude Baziluka relance le débat sur le fédéralisme en République démocratique du Congo (RDC), proposant un système articulé autour de trois ou quatre États indépendants.
Dans une interview accordée ce mardi 9 septembre à notre rédaction, il a expliqué que ce modèle permettrait à ces États de bénéficier d’une plus grande autonomie dans la gestion de leurs ressources naturelles et dans l’élaboration de politiques adaptées à leurs spécificités économiques, sociales et culturelles.
« Nous devons accepter l’électrochoc consistant à faire de la RDC trois ou quatre États indépendants, ou même une fédération de trois ou quatre États. L’objectif est de disposer d’États fonctionnels, où les décisions importantes ne sont pas prises à des milliers de kilomètres, à Kinshasa, sans tenir compte des réalités locales. Rappelez-vous seulement du projet de développement des 145 territoires », a-t-il déclaré.
Sur la question de l’élite dirigeante, Claude Baziluka estime qu’elle doit être gérée au niveau local.
« Kinshasa ne pourra plus imposer aux différents États leurs dirigeants, comme c’est le cas aujourd’hui, notamment dans le Kwango. La capitale ne pourra pas non plus empiéter sur l’autonomie administrative et financière des États, ni sur la récupération des 40 % des recettes nationales que les provinces peinent à percevoir. », a-t-il ajouté.
Le débat sur le fédéralisme, qui englobe des notions telles que la décentralisation et l’autonomie renforcée des provinces, soulève des questions majeures sur l’éloignement de Kinshasa, l’accaparement des ressources provinciales par les élites de la capitale et le désengagement du pouvoir central.
Historiquement, ce n’est pas la première fois que ce sujet est abordé en RDC. Lors de la Conférence nationale souveraine (CNS) au début des années 1990, puis lors du dialogue de Sun City, la division entre unitaristes et fédéralistes a rythmé les discussions nationales.
À la CNS, la majorité des délégués était favorable à une troisième République fédérale. En 2005, face à l’impossibilité de trouver un consensus, le constituant a opté pour une solution intermédiaire : un État unitaire fortement décentralisé.
Cependant, dans la pratique, le pouvoir central freine les avancées vers la décentralisation en bloquant la rétrocession des 40 % des recettes, malgré les dispositions constitutionnelles, et en affaiblissant politiquement les institutions provinciales
