Kinshasa, 07 octobre 2025- La tension est palpable dans le secteur pétrolier de la RDC, suite à des accusations de pratiques contestables impliquant l’équipe dirigée par Acacia Bandubola, ministre d’État des Hydrocarbures. La nomination controversée d’Herman Mbonyo à un poste stratégique accentue les critiques et soulève des interrogations sur les méthodes de gestion du ministère.
Dans une lettre adressée aux autorités congolaises, plusieurs opérateurs pétroliers alertent : « L’arrivée de Madame Acacia Bandubola à la tête du ministère d’État des Hydrocarbures a déclenché de nombreux signaux d’alarme, menaçant la gouvernance du secteur pétrolier ainsi que l’image et la sécurité nationale de la RDC. »
Selon Opinioninfo.cd, les professionnels du secteur dénoncent un langage parfois inapproprié et des comportements jugés offensants de la part de la ministre. Ils mettent également en lumière une corruption systémique héritée de ses précédentes fonctions au ministère de l’Économie nationale et des Affaires foncières. Le ministère est décrit comme un véritable « marché », où l’approbation des dossiers dépend de versements de pots-de-vin. « Une telle situation contredit les principes de transparence, d’éthique et d’intégrité qui devraient prévaloir à ce niveau de responsabilité », affirment-ils.
Les inquiétudes concernent aussi des liens supposés avec des groupes douteux et les conséquences potentielles pour la sécurité nationale. Une rencontre récente entre Bandubola et des hommes d’affaires somaliens, malgré les avertissements de l’ANR et des ministères concernés, suscite la crainte que ces individus soient affiliés au mouvement terroriste Al-Shebab, représentant ainsi une menace sérieuse pour le pays.
La présence d’Herman Mbonyo comme Directeur de cabinet alimente également les interrogations. Ce dernier aurait été interpellé par les services de renseignement après avoir invité des ressortissants somaliens, soupçonnés d’activités terroristes, à participer à des opérations liées au secteur pétrolier.
La nomination de Mbonyo, ancien directeur général controversé de la Sonas, soulève de vives inquiétudes. Selon des sources internes au cabinet, il exige des paiements auprès des investisseurs à chaque réunion. « Il ne se soucie guère des aspects techniques ; son unique objectif est de s’enrichir rapidement », déclare un professionnel du secteur. Des accusations de concussion, notamment la demande de 5 dollars par tonne pour le « creux », ont été également rapportées.
Un opérateur souligne : « Avec Mbonyo, tout pétrolier arrivant en quatrième, sixième ou même dixième position au port de Banana peut être le premier à obtenir l’autorisation de livrer son produit, tant que l’armateur accepte de verser 5 dollars par tonne au Directeur de cabinet. » Par ailleurs, Mbonyo serait en train d’orienter les investisseurs vers le cabinet de son épouse, avocate à Kinshasa, soulevant un risque de conflit d’intérêts.
Le passé judiciaire de Mbonyo inquiète. Condamné en 2009 pour détournement de fonds à la prison de Makala, il a été mêlé à un scandale en Algérie en 2018 et a quitté le pays discrètement après des controverses liées aux primes des athlètes congolais. Son nom a aussi été associé à un détournement de fonds dans une banque locale après sa candidature à la gouvernance de Kinshasa en 2019, le rendant recherché à cette époque.
Face à cette situation, les opérateurs pétroliers craignent pour la crédibilité internationale de la RDC, la sécurité nationale et la stabilité de l’approvisionnement énergétique. La gestion opaque, marquée par la corruption et l’affaiblissement de l’autorité de l’État, compromet l’image du pays et démoralise les investisseurs, créant un climat de méfiance dans un secteur stratégique pour l’économie nationale.
