Kinshasa, 25 Septembre 2023 – La menace imminente posée par le M23, considéré comme le “supplétif” de l’armée rwandaise par le président Félix Tshisekedi, pousse les autorités congolaises à envisager sérieusement l’option de la guerre. Les déclarations du chef de l’État et de son ministre des Affaires étrangères lors de leur séjour à New York laissent entrevoir une volonté de recourir à des mesures plus fermes.
Le M23, ce mouvement rebelle accusé par les Nations-Unies et des chancelleries occidentales d’être soutenu militairement par le Rwanda, a démontré une force de frappe considérable, lui permettant de conquérir plusieurs localités du Nord-Kivu entre juin et décembre 2022, malgré la riposte “disproportionnée” de l’armée congolaise.
Les tentatives de chasser le M23 en faisant appel aux Forces de l’Est africain et aux troupes de l’ONU n’ont pas réussi à inquiéter ces rebelles. Pire encore, ces derniers ont rejeté à plusieurs reprises les offres de cessez-le-feu proposées dans le cadre des processus de paix de Luanda et de Nairobi. Ils ont même organisé des meetings dans les zones sous leur contrôle, réclamant avec insistance un dialogue direct avec Kinshasa.
Pendant ce temps, lors de l’Assemblée générale annuelle des Nations-Unies à New York, le président Félix Tshisekedi a fermé toute porte menant à un dialogue avec le M23, affirmant catégoriquement : “Le M23 exige un dialogue qui ne leur sera jamais accordé.”
Face à ce refus, le président congolais laisse entendre qu’il prépare un plan qui “n’exclut aucun scénario” pour rétablir la paix à l’Est du pays. Cela inclut-il la guerre ? La tentation de répondre par l’affirmative semble grandir, d’autant plus que les autorités congolaises ont clairement exclu toute négociation pour résoudre la crise sécuritaire dans l’Est de la RDC.
La déclaration médiatique du ministre congolais des Affaires étrangères, Christophe Lutundula, samedi dernier, résonne comme un ultimatum lancé aux M23 avant que la “guerre” ne débute. “À partir du 24 septembre, toutes les batteries seront mises en marche pour restaurer l’autorité de l’État dans toutes les zones actuellement occupées par les rebelles du M23, si aucune volonté de leur part n’est observée en faveur d’un retrait pacifique”, a déclaré Lutundula sur les ondes de Top Congo.
Les M23 prendront-ils ces menaces au sérieux ? À maintes reprises, ces rebelles ont refusé tout arrangement impliquant un “retrait pacifique”, que ce soit dans le cadre du processus de paix de Nairobi ou de celui de Luanda, sous la médiation des présidents de l’Est africain ou de l’Angolais Joao Lourenço.
En attendant, des questions se posent quant à la capacité de l’armée congolaise à mener des offensives capables de repousser ces rebelles au-delà des frontières congolaises. Cette armée, critiquée pour ses infiltrations et son manque d’équipement, est-elle en mesure de rivaliser avec les M23, qui, selon le secrétaire général de l’ONU, possèdent des armes sophistiquées ?
Nicolas Kayembe