Kinshasa, 09 décembre 2024- Dans un geste surprenant, les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) ont exprimé leur volonté de mener un dialogue direct avec le gouvernement rwandais, incluant l’opposition rwandaise. Cette demande a été formulée dans une lettre adressée au président angolais João Lourenço le 22 octobre dernier, un appel qui intervient dans un climat de tensions exacerbées entre Kigali et les FDLR, considérés par le Rwanda comme un groupe génocidaire.
Le contexte de cette demande est complexe. Depuis 2001, plus de 12 000 membres des FDLR ont été rapatriés et réintégrés au Rwanda, un processus qui semble désormais compromis en raison de la détérioration des relations entre Kinshasa et Kigali. Vincent Karega, ancien ambassadeur rwandais en RDC, a indiqué que les conditions actuelles rendent la réintégration de ces membres pratiquement impossible, étant donné les tensions croissantes et la position ferme du gouvernement rwandais.
Parallèlement à cet appel des FDLR, l’Alliance fleuve Congo (AFC)/M23, soutenue par le Rwanda, a également exigé un dialogue direct avec le gouvernement congolais. Toutefois, Kinshasa a rejeté cette demande, qualifiant le M23 de groupe terroriste et soulignant que certains de ses dirigeants avaient été condamnés à mort par la justice militaire congolaise, augmentant ainsi la polarisation entre les nations concernées.
Malgré ces divergences, des avancées notables ont été réalisées dans le cadre des négociations de paix. En novembre 2024, les ministres des Affaires étrangères de la RDC et du Rwanda ont signé un « Concept d’opérations » à Luanda, sous la médiation du président angolais, visant à stabiliser la région. Ce document prévoit des actions ciblées contre les FDLR et le retrait progressif des forces rwandaises en RDC, des mesures que Kigali justifie par des raisons de sécurité nationale.
Ce processus de stabilisation a été renforcé par un mécanisme de vérification mis en place à Goma depuis novembre 2024. Un groupe de 24 experts, dont 18 angolais, est chargé de surveiller l’application des accords, un pas important vers une désescalade des tensions et la mise en œuvre des engagements pris par les deux pays.