Kinshasa, 24 janvier 2025- Le chanteur Zik Seigne se retrouve au cœur d’une controverse, relançant un débat sensible sur la liberté d’expression artistique. Transféré à la prison centrale de Makala, l’artiste fait face à des accusations de « dépravation des mœurs » après avoir refusé de retirer son morceau controversé « Misu kaka likolo na cadre ya sentiment ».
Tout commence avec la publication de cette chanson, rapidement jugée « contraire à la pudeur » par la commission de censure congolaise. Malgré une injonction formelle de retirer la vidéo de YouTube, Zik Seigne persiste. Il s’appuie sur deux arguments principaux : l’interdiction ne devrait s’appliquer qu’au territoire congolais, et YouTube, plateforme internationale, ne relève pas de la juridiction locale. Des explications qui n’ont pas convaincu les autorités.
Le ministre de la Justice, Constant Mutamba, n’a pas mâché ses mots : “Quand la commission de censure m’a montré la vidéo, moi, Ministre, j’étais choqué !”. Lors d’une émission télévisée, il a annoncé que Zik Seigne serait jugé prochainement, faisant planer la menace d’une peine lourde pour l’artiste. Ce procès sera suivi de près par le public et les défenseurs des droits culturels.
L’affaire Zik Seigne n’est pas isolée. D’autres artistes, comme DJ Momboshi ou Robinio Mundibu, ont déjà affronté des accusations similaires. Ces cas mettent en lumière une tension croissante entre la liberté de création artistique et la préservation des « bonnes mœurs » exigée par les autorités. Mais où se situe la frontière entre les deux ?
Au-delà de son impact sur la carrière de l’artiste, ce dossier soulève des interrogations cruciales pour l’avenir de la scène musicale congolaise. Les artistes doivent-ils s’autocensurer face à des lois jugées parfois floues ? Et quelle sera la conséquence à long terme de ces restrictions sur la créativité et l’innovation culturelle ?
Le procès de Zik Seigne s’annonce comme un moment clé. S’il pourrait renforcer les réglementations en matière de contenu artistique, il pourrait aussi marquer un tournant dans la défense de la liberté d’expression en RDC. Une chose est sûre : la musique congolaise traverse une période de turbulences qui pourrait redéfinir son avenir.