Kinshasa, 29 janvier 2025- Alors que Goma semble désormais sous contrôle du M23 et des forces rwandaises, une rencontre décisive entre les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame est prévue ce mercredi sous l’égide du Kenya. Ce sommet de crise pourrait être la dernière chance d’éviter une escalade totale entre la RDC et le Rwanda, dont les relations sont plus que jamais au bord de la rupture.
Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu, semble désormais perdue pour Kinshasa. A en croire France 24, l’aéroport est tombé, le siège du gouvernement provincial est occupé, et de nombreux soldats congolais ont fui. Depuis plusieurs jours, les habitants sont pris au piège, privés d’électricité et de vivres, alors que les rues sont jonchées de cadavres.
Selon la même source, le bilan humain est dramatique : plus d’une centaine de morts et près d’un millier de blessés. L’ONU et plusieurs puissances internationales ont appelé le Rwanda à retirer ses troupes et à cesser les hostilités, tandis que Kinshasa a dénoncé une “déclaration de guerre” de Kigali. Malgré la pression diplomatique, le M23 poursuit son avancée, et la communauté internationale reste divisée sur les actions concrètes à entreprendre.
Cette rencontre entre Tshisekedi et Kagame intervient alors que la situation devient incontrôlable. À Kinshasa, la colère monte : des manifestants ont attaqué plusieurs ambassades, dont celle du Rwanda, mais aussi celles de pays occidentaux accusés de passivité face au drame en cours. Dans le même temps, les États-Unis ont recommandé à leurs ressortissants de quitter la RDC, tandis que l’Union européenne a condamné ces attaques.
Loin des salons feutrés de la diplomatie, la réalité du terrain est brutale. Des centaines de milliers de déplacés tentent de survivre autour de Goma, où les bombardements n’épargnent personne. L’ONU signale que 12 civils ont été tués dans un camp de réfugiés. Pendant ce temps, 17 soldats des forces régionales et de la Monusco ont perdu la vie dans des affrontements ces derniers jours.
Pour la présidence de la RDC, il est peu probable que le président Félix Tshisekedi participe à ce sommet spécial sur la situation du Nord-Kivu, organisé par le président kényan William Ruto, actuellement président de l’EAC. Tshisekedi qui n’a pas encore pris la parole depuis l’effondrement des lignes congolaises doit faire face à une situation où la souveraineté du pays est plus que jamais remise en question. Le gouvernement veut éviter “un carnage”.
De son côté, Kagame, qui nie toute implication directe du Rwanda malgré les preuves accumulées, arrive en position de force. Kigali accuse la RDC d’abriter des groupes armés hostiles et semble prêt à poursuivre son avancée stratégique sur un territoire riche en ressources naturelles. Cette crise, qui dépasse le simple affrontement entre les FARDC et le M23, est aussi le reflet d’un jeu d’influences régional impliquant l’Ouganda, le Rwanda et d’autres puissances.
Alors que le sort de Goma pourrait être scellé dans les heures à venir, cette rencontre entre Tshisekedi et Kagame représente peut-être l’ultime tentative de désamorcer un conflit qui menace d’embraser toute la région. Mais avec des positions aussi éloignées et des violences qui ne faiblissent pas, l’espoir d’une véritable désescalade semble bien mince.