Kinshasa, 22 février 2025- Alors que l’Est de la RDC est en proie à une intensification des combats, le président Félix Tshisekedi a choisi de hausser le ton. Dans un entretien exclusif accordé au New York Times, il a dénoncé avec force l’implication du Rwanda dans le conflit et pointé du doigt l’inaction de la communauté internationale. Face à une crise qui menace l’intégrité du pays, son discours s’articule autour de deux axes : une posture de fermeté et un appel à une prise de responsabilité mondiale.
Dressant un parallèle percutant, Tshisekedi a comparé la situation de la RDC à celle de l’Ukraine. “Le Rwanda fait à la RDC ce que la Russie fait à l’Ukraine”, a-t-il déclaré, accusant Kigali de soutenir activement le M23 pour servir ses propres intérêts économiques et stratégiques. Pour lui, ce groupe rebelle n’est qu’un écran de fumée masquant un pillage organisé des ressources congolaises. Contrairement aux approches passées, qui ont souvent légitimé les groupes armés par des négociations, le président refuse catégoriquement toute discussion avec le M23, affirmant ainsi sa volonté de rompre avec les compromis inefficaces du passé.
Au cœur de cette crise, les villes de Goma et Bukavu sont sous une pression constante. La menace du M23 plane sur ces capitales provinciales, dont la chute représenterait un revers majeur pour Kinshasa. Tshisekedi reste inflexible : “Nous allons récupérer Goma. Nous préférons la voie diplomatique, mais si elle échoue, nous n’hésiterons pas à reprendre notre ville par la force”. Ces propos illustrent un basculement stratégique : la RDC, longtemps engagée dans des pourparlers, semble prête à privilégier l’option militaire pour restaurer son autorité sur l’Est.
Mais au-delà des enjeux militaires, le chef de l’État congolais interpelle la communauté internationale sur l’incohérence des réactions face aux conflits mondiaux. Il fustige le manque de mobilisation en faveur de la RDC, contrastant avec l’ampleur du soutien accordé à l’Ukraine. “Le monde s’est mobilisé avec une rapidité exemplaire pour soutenir l’Ukraine face à la Russie, mais où est cette même mobilisation pour la RDC ?” s’interroge-t-il. Cette critique résonne particulièrement dans un contexte où la guerre en Ukraine monopolise l’attention, reléguant les drames africains au second plan.
Dans cette équation, les minerais congolais jouent un rôle clé. L’exploitation illégale des ressources, facilitée par la présence du M23, alimente une économie de guerre qui prolonge le conflit. Tshisekedi en est conscient et insiste : “Nos minerais ne doivent plus financer la guerre, mais le développement”. Derrière cette déclaration se cache un double enjeu : mettre un terme aux complicités internationales qui profitent du chaos et instaurer une gestion souveraine des richesses du pays.
Face à cette situation explosive, la RDC se trouve à un tournant décisif. Entre la nécessité d’une offensive militaire et la quête d’un soutien international plus affirmé, Félix Tshisekedi entend marquer une rupture avec les décennies d’instabilité. Mais dans un monde où les intérêts géopolitiques dictent souvent les priorités diplomatiques, reste à savoir si son cri d’alarme sera enfin entendu.