Kinshasa, 20 avril 2025- C’est une décision radicale qui secoue la scène politique congolaise. Samedi, le gouvernement a suspendu, sur toute l’étendue du territoire national, les activités du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), formation de l’ancien président Joseph Kabila. En cause : un « silence complice » face à l’agression rwandaise à l’Est du pays.
La mesure, rendue publique par le vice-Premier ministre de l’Intérieur, Nico-Premion, cible directement l’attitude jugée ambiguë de Joseph Kabila. Selon le communiqué, le sénateur à vie n’a jamais condamné l’occupation de Goma, aujourd’hui aux mains des rebelles M23/AFC, soutenus par Kigali. Un mutisme interprété comme une trahison silencieuse.
Pour Kinshasa, cette posture viole la loi sur les partis politiques. Le ministère de l’Intérieur s’appuie sur la loi n°04/002 du 15 mars 2004, qui impose aux partis de défendre l’intégrité territoriale et l’unité nationale. Le PPRD, selon les autorités, a failli à cette exigence, exposant le pays à des menaces internes et externes.
L’étau se resserre donc autour de l’ex-chef de l’État. Après le lancement des poursuites judiciaires contre Joseph Kabila pour haute trahison, cette suspension du PPRD marque une nouvelle étape dans la confrontation ouverte entre le pouvoir actuel et son prédécesseur.
Le ministère ne compte pas s’arrêter là. Il a annoncé son intention de saisir le parquet près la Cour constitutionnelle pour étudier les implications légales de cette inertie politique. Une initiative qui pourrait déboucher sur une éventuelle dissolution du PPRD ou la perte de ses prérogatives légales.
“Le ministère de l’Intérieur (…) rappelle aux partis politiques leurs obligations de veiller à la consolidation de l’unité nationale, à la préservation de la souveraineté de l’État congolais, à la sécurité et à l’intégrité du territoire”, conclut le communiqué.
En toile de fond, une tension croissante entre deux visions de l’État. Le gouvernement insiste sur la nécessité d’un engagement clair de tous les acteurs politiques pour défendre la souveraineté nationale. À l’inverse, le silence du PPRD est perçu comme une fissure dans le front républicain. Un affront que Mutamba semble bien décidé à sanctionner sans ménagement.