Kinshasa, 30 avril 2025- Sous un ciel sans abri, des dizaines de familles passent leurs nuits à même le sol dans l’enceinte dévastée de la gare de Kintambo. L’ambiance est lourde, empreinte de silence et de larmes contenues. Depuis les démolitions lancées par l’Hôtel de ville de Kinshasa, des scènes de détresse humaine s’enchaînent, révélant le coût social d’un projet d’aménagement aux contours encore flous pour les sinistrés.
Sur les gravats, un père de famille serre contre lui ses enfants, impuissant face à l’effondrement de toute une vie. ***“J’habitais ici depuis plus de 20 ans. Du jour au lendemain, je me retrouve avec rien”, *** souffle-t-il, le regard perdu dans le vide. À ses côtés, une jeune femme s’agenouille pour extirper des décombres un sac partiellement calciné, seul vestige de son ancienne maison.
Officiellement, l’opération vise à récupérer les emprises ferroviaires de l’Office national des transports (ONATRA), jadis détournées à des fins d’occupation privée. Selon les autorités provinciales, il s’agit d’un préalable au projet de réhabilitation de la ligne ferroviaire reliant la gare centrale à celle de Kintambo, censé désengorger cette zone urbaine à forte densité.
Mais sur le terrain, le choc est brutal. Aucun relogement prévu, aucune assistance visible. Des mères de famille improvisent des abris avec des bâches en plastique, tandis que les plus chanceux trouvent refuge chez des proches. La tension monte. “On ne nous a pas avertis. Ils ont débarqué avec des bulldozers et tout rasé”, dénonce un commerçant.
Plusieurs des sinistrés affirment pourtant avoir des autorisations d’occupation délivrées par l’ONATRA ou d’autres services publics. Certains commerces, légalement installés selon leurs détenteurs, ont été réduits en poussière. “J’avais un dépôt ici, je payais des taxes”, affirme une femme, document à l’appui.
Alors que la ville célèbre les ambitions de modernisation, les oubliés de Kintambo lancent un appel. Ils réclament une solution humaine à leur drame. Car au-delà des infrastructures, ce sont des vies qu’on balaie, sans préavis, sans ménagement.