Kinshasa, 30 avril 2025- C’est un tournant inédit dans l’histoire politique de la RDC. L’ancien président Joseph Kabila, longtemps perçu comme intouchable, est désormais dans le viseur de la justice congolaise. Saisi par le ministre d’État à la Justice, l’auditeur général des FARDC a officiellement sollicité la levée des immunités parlementaires du sénateur à vie pour « trahison, crimes de guerre et crimes contre l’humanité ».
La démarche, annoncée par le ministre de la Justice Constant Mutamba, intervient alors que le climat sécuritaire reste extrêmement tendu dans l’Est du pays. Selon les autorités, Joseph Kabila aurait directement participé à l’agression de la RDC à travers le mouvement rebelle AFC/M23, soutenu par le Rwanda. “Il ne s’agit pas d’un procès politique, mais d’une réponse judiciaire fondée sur des preuves sérieuses”, a insisté le ministre.
Ce coup de tonnerre est d’autant plus fracassant que le gouvernement ne s’arrête pas là. Une série de mesures drastiques ont été prises, en l’occurrence la saisie des biens de l’ancien président, la suspension des activités de son parti (le PPRD), et même des restrictions de déplacement pour plusieurs de ses proches collaborateurs. Kinshasa affiche une volonté claire qui est de ne plus tolérer l’ambiguïté dans un contexte de guerre.
Le retour de Joseph Kabila à Goma, ville sous menace rebelle, aurait été l’un des éléments déclencheurs de cette procédure. Une attitude jugée « équivoque » par les autorités, au moment où l’État-major tente de contenir les incursions du M23. Le message est clair « nul n’est au-dessus des lois, même un ancien chef de l’État ».
Du côté de la classe politique, les réactions sont mitigées. Certains saluent une avancée majeure vers l’État de droit, tandis que d’autres dénoncent une manœuvre politique. Mais le signal est fort. Pur la première fois, la justice congolaise s’attaque à une figure centrale du pouvoir post-Mobutu.
Ce développement pourrait redessiner en profondeur le paysage politique congolais, et ouvrir une ère nouvelle où l’impunité ne serait plus la règle. En attendant, l’affaire Kabila s’annonce comme un test décisif pour l’indépendance de la justice en RDC.