Kinshasa, 14 mai 2025- L’activisme citoyen est de nouveau frappé en plein cœur. Mardi, la LUCHA (Lutte pour le Changement) a dénoncé l’enlèvement brutal de l’un de ses membres, Aloys Bigirumwami, en plein territoire contrôlé par le M23 à Goma. Selon le mouvement, les ravisseurs seraient des éléments du groupe rebelle appuyés par l’armée rwandaise. Son jeune frère, Claude, a également été capturé dans la même opération.
Installé à Goma depuis 2022 après avoir fui les combats de Rutshuru, Aloys vivait dans la peur constante. La LUCHA révèle qu’il était « menacé depuis plusieurs mois », jusqu’à sa disparition. Une inquiétude désormais concrète, qui ravive les craintes d’un ciblage systématique des jeunes militants dans les zones occupées. « Par le passé, ces genres d’opérations ont conduit à des enrôlements forcés et à des assassinats ciblés », rappelle le mouvement, citant les cas d’Idengo Delcat et Pierre Byamungu.
La situation sécuritaire dans le Nord-Kivu, déjà dramatique, ne cesse de s’envenimer. Goma et Saké, jadis bastions de résistance citoyenne, sont désormais sous la coupe d’un régime de peur. Les enlèvements et exécutions sommaires s’y multiplient, dans un silence institutionnel pesant. La LUCHA s’insurge contre ce qu’elle qualifie de « véritable industrie de la mort », orchestrée pour faire taire les voix dissidentes.
Dans un communiqué au ton grave, le mouvement avertit les responsables. “Ils seront tenus responsables de tout acte porté à l’encontre de notre camarade”, écrit la LUCHA, en appelant à la mobilisation des organisations internationales et des défenseurs des droits humains. Pour elle, seule une pression diplomatique et judiciaire peut mettre fin à l’impunité grandissante.
Alors que le conflit dans l’est de la RDC continue de broyer des vies, le cas d’Aloys Bigirumwami incarne la précarité extrême des militants dans les zones de guerre. Pour la LUCHA, sa libération, ainsi que celle des autres jeunes disparus, est un test crucial pour la crédibilité des engagements en faveur des droits humains.