Kinshasa, 23 juin 2025- Mis en cause par le régime Tshisekedi pour ses liens supposés avec Kigali et la rébellion du M23, Barnabé Kikaya Bin Karubi sort de son silence. Pour ce fidèle de Joseph Kabila, les accusations portées visent moins la vérité que la volonté d’affaiblir l’image de l’ancien président auprès de l’opinion. Selon lui, ces soupçons sont infondés et relèvent d’une stratégie politique de discrédit.
Dans une interview accordée à Actualité.cd depuis Washington, il a clairement défendu Kabila tout en reconnaissant la puissance militaire du M23, qualifiée de force réelle dans le paysage sécuritaire congolais. “Je ne pense pas que le président Joseph Kabila soutienne le Rwanda. Le Rwanda se trouve être notre voisin et il le sera toujours jusqu’à la fin de temps”, a-t-il affirmé avant de poursuivre : “C’est une question qui ne devrait pas être posée. Le Président Kabila n’a pas à condamner un pays voisin. Le Président Kabila est d’ailleurs à Goma, ville contrôlée par le M23 qui est une rébellion.”
Kikaya critique également les récits dominants sur les appuis extérieurs du M23. À ses yeux, même les médias occidentaux revoient progressivement leur position. “Ce langage-là de ‘soutenu par le Rwanda’, je crois que même les médias occidentaux qui disaient cela, commencent à retirer cette incise-là”, a-t-il déclaré, tout en saluant les capacités militaires du mouvement rebelle. “Le M23 c’est une force militaire avérée, et pour preuve, la bataille de Goma : même les forces de la SADC ont eu à mettre le drapeau blanc, les centaines de mercenaires de Monsieur Félix Tshisekedi sont partis la queue entre les pattes.”
À travers ses propos, Kikaya établit un parallèle entre le combat politique pacifique mené autour de Kabila et les objectifs de l’AFC/M23. “La rébellion est là, clairement elle combat une dictature et une tyrannie. J’ai dit la dernière fois que c’est là où nous nous rencontrons. Nous avons décidé, avec une opposition politique non armée, de converger vers le Président Joseph Kabila pour mettre fin à la dictature”, a-t-il insisté.
Quant à la présence de Kabila à Goma, il la justifie par le contexte d’hostilité politique que subit l’ancien président à Kinshasa. “Vous n’allez pas lui en vouloir s’il a pris ses quartiers à Goma. Comment voulez-vous qu’un ancien Président de la République, harcelé matin, midi et soir, se sente à l’aise ailleurs ? Le seul endroit où il peut se sentir bien, c’est dans la partie orientale”, explique Kikaya.
Il balaie également toute polémique sur l’endroit où se trouve l’ancien président. Pour lui, il n’y a rien d’illégal ou de problématique dans le fait que Kabila réside à Goma. “Goma, que je sache, c’est toujours au Congo. Ce n’est pas une ville étrangère mais congolaise”, a-t-il rappelé, balayant les insinuations selon lesquelles cette présence serait une forme de collusion avec le M23.
Cette sortie médiatique intervient alors que le Sénat congolais, à l’issue d’un vote à bulletin secret, a approuvé à une écrasante majorité la levée des immunités parlementaires de Joseph Kabila. Sur 96 sénateurs, 88 ont voté pour, permettant à la Haute Cour militaire de poursuivre l’ancien président.
Kabila est désormais formellement accusé de trahison, de participation à un mouvement insurrectionnel, et même de crimes de guerre, pour ses liens présumés avec la rébellion M23 et l’État rwandais. Des charges lourdes que ses proches, à l’image de Kikaya Bin Karubi, rejettent en bloc, dénonçant une instrumentalisation politique de la justice.