Kinshasa, 27 juin 2025- Alors que Kinshasa et Kigali s’apprêtent à parapher un accord de paix ce vendredi à Washington, la France annonce une initiative parallèle en convoquant une conférence internationale sur la crise humanitaire en RDC, prévue le 25 juillet à Paris. Une démarche qui vise à replacer Paris au cœur des efforts diplomatiques dans une région en proie à des violences depuis plusieurs décennies.
D’après les révélations d’Africa Intelligence, l’Élysée souhaiterait réunir autour de la table les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame, malgré des relations quasi gelées entre la RDC et le Rwanda. La participation de ces deux chefs d’État reste à confirmer, d’autant que Kinshasa accuse formellement Kigali de soutenir la rébellion du M23, active dans le Nord-Kivu, tandis que le Rwanda nie toute implication, malgré les preuves accablantes contenues dans des rapports de l’ONU.
Ce projet de conférence intervient dans un climat diplomatique chargé, alors que les États-Unis, avec l’appui du Qatar, parrainent un accord de paix entre les deux voisins. Selon plusieurs sources diplomatiques, cet accord vise à apaiser les tensions militaires autour de Goma, ville stratégique menacée par l’avancée des rebelles du M23. La France, de son côté, espère jouer la carte humanitaire pour ouvrir un nouveau canal de dialogue.
Le conflit à l’Est de la RDC a déjà déplacé plus de 7 millions de personnes, selon l’OCHA, plaçant la région parmi les pires foyers humanitaires au monde. Les exactions, allant de viols de masse à des massacres de civils, se multiplient, tandis que l’accès humanitaire est de plus en plus restreint à cause de l’insécurité.
Mais cette initiative française suscite déjà des réserves sur le continent africain. Au sein de l’Union africaine, certains États redoutent que Paris vienne court-circuiter des démarches régionales déjà en cours, notamment celles menées par l’Angola, dont le président João Lourenço tente depuis des mois une médiation discrète mais continue entre les deux capitales africaines.
En se positionnant sur le terrain humanitaire, Paris espère ouvrir une brèche dans un dialogue aujourd’hui figé entre Kinshasa et Kigali. Mais tout dépendra de l’évolution sur le terrain après la signature de l’accord de Washington. Si celui-ci marque une réelle désescalade, la conférence de Paris pourrait alors servir de levier complémentaire. À l’inverse, en cas d’échec, elle risquerait d’apparaître comme une initiative symbolique de plus, dans un dossier où la paix semble toujours suspendue à des intérêts géopolitiques et économiques profonds.