Kinshasa, 11 juillet 2025- À l’approche du deuxième anniversaire de la mort tragique de Chérubin Okende, sa fille Frida Okende a décidé d’adresser une lettre ouverte au président Félix Tshisekedi. Ce dernier, dans son message, exprime une douleur profonde et une incompréhension face à la conclusion officielle de la justice, tout en réclamant une « justice, même tardive », en hommage à son père.
Dans cette lettre antidatée, Frida prend la parole au nom de sa famille encore meurtrie par ce drame. Elle souligne que la justice avait retenu la thèse du suicide, une hypothèse qu’elle juge pour sa part infondée. La jeune femme affirme mettre sa confiance dans les valeurs de vérité et de justice incarnées, selon elle, par le chef de l’État.
“C’est avec tout le respect que je vous adresse cette lettre, mue par une profonde douleur familiale mais aussi par un attachement sincère aux valeurs de justice, de vérité et de mémoire que vous incarnez au sommet de notre République”, écrit-elle. Elle rappelle ensuite le contexte douloureux. “Il y a maintenant deux ans, le 13 juillet 2023, mon père, feu OKENDE SENGA Chérubin, ancien ministre des Transports et député national au moment de son décès, a été tragiquement arraché à la vie à Kinshasa dans des circonstances particulièrement troublantes”, se souvient-elle dans cette lettre.
Frida Okende ajoute : “Sa mort, bien qu’officiellement qualifiée de suicide, demeure, pour notre famille comme pour de nombreux citoyens, entourée de zones d’ombre et d’incohérences majeures.”
Elle poursuit en évoquant la réaction de la famille face à la conclusion judiciaire. “Nous avons accueilli cette conclusion avec une profonde consternation. Aucun élément tangible ne permettait de confirmer cette hypothèse avec certitude”, insiste-t-elle.
Selon elle, “bien au contraire, les faits, les témoignages et le contexte laissaient entrevoir d’autres pistes, qui, à notre grand regret, n’ont pas été suffisamment explorées.”
Dans sa lettre, Frida Okende exprime aussi un « sentiment d’abandon » face au « silence de l’État » qu’elle déplore, surtout après la disparition d’un « serviteur de la République ». Elle appelle à une reprise de l’enquête, afin de faire triompher la justice et préserver la mémoire de son père.
“Je sollicite humblement votre haute autorité pour que ce dossier puisse faire l’objet d’un regard nouveau, impartial et humain”, écrit-elle. “Non pour rouvrir des blessures, mais pour qu’une lumière sincère soit enfin faite, et que la dignité de mon père, comme celle de notre justice, soit rétablie”, souligne-t-elle.
Chérubin Okende, porte-parole et cadre du parti d’opposition Ensemble pour la République, avait été retrouvé mort dans sa jeep le 13 juillet 2023, avec la ceinture de sécurité attachée, sur l’avenue Poids-Lourds, dans la commune de la Gombe. Sa veste et sa chemise blanches étaient ensanglantées, et un pistolet avait été découvert à ses côtés.
Quelques heures avant ce drame, l’ancien député, attendu à la Cour constitutionnelle pour une déclaration de patrimoine, avait disparu. Il était accompagné de son garde du corps.
Par ailleurs, dans cette même affaire, l’ancien ministre du Tourisme Modero Nsimba avait été accusé de diffusion de faux bruits après la publication d’un audio controversé sur les réseaux sociaux. Cet enregistrement l’impliquait ainsi que plusieurs personnalités proches du président Félix Tshisekedi. Placé sous mandat d’arrêt provisoire à la prison centrale de Makala, il en est sorti le 13 août 2024.