Kinshasa, 19 Octobre 2023 – Depuis fin 2021, la province du Nord-Kivu est confrontée à la présence alarmante des rebelles du M23. Ces derniers ont tristement gagné en notoriété en conquérant des territoires, allant jusqu’à prendre le contrôle de la quasi-totalité du territoire de Rutshuru, ainsi que de vastes parties des territoires de Masisi et Nyiragongo.
Sous prétexte de protéger les populations de la communauté Tutsi, qu’ils affirment être marginalisées voire “massacrées” en République démocratique du Congo, les rebelles du M23 et leurs alliés, l’armée rwandaise et ougandaise selon la société civile, ont créé une cause qui suscite l’inquiétude.
Le président Tshisekedi a dénoncé ce motif du Rwanda et a affirmé que ce dernier n’a aucun mandat pour protéger les populations congolaises. Malgré cela, les Forces armées de la RDC (FARDC) se sont révélées inactives, ce qui a conduit les jeunes des groupes locaux d’autodéfense, constatant cette inaction, à prendre l’initiative de combattre le M23.
Après des sacrifices considérables, ces jeunes résistants de Wazalendo ont réussi à libérer leur territoire et continuent désormais à s’opposer aux rebelles dans différents groupements de Rutshuru, infligeant de lourdes pertes à leurs adversaires, selon plusieurs sources.
Combattre pour le Rwanda
Le M23, sentant la pression grandissante de ces groupes d’autodéfense, a réagi et a clairement indiqué que la “lutte ne relève pas réellement de revendications tribales”, comme cela était prétendu initialement. Il s’agit plutôt d’une “volonté d’occupation des terres du Kivu”, voire “d’annexion d’une partie des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu par le Rwanda”.
Cette déclaration des rebelles met en lumière leur véritable objectif, selon Maître Dieumerci Munguakonkwa Safari, un défenseur des droits humains congolais. Il souligne que le M23, qui se prétend parfois congolais, cherche en réalité à favoriser les “intérêts d’un autre pays” que la RDC.
En outre, les rebelles ont ouvertement abordé la question de “l’annexion de ces terres au Rwanda”, évoquant le “partage des frontières en Afrique” et le droit de vivre dans son propre pays, selon les propos relayés par la page de propagande du M23, Goma24.
Cependant, selon l’analyste sociopolitique congolais Patrice Sheria Kubutanwa, le M23 tente de dissimuler ses véritables intentions. Il soutient que le Rwanda, qui niait autrefois son implication dans la guerre du M23, est maintenant contraint de tout avouer, étant dos au mur. Il souligne également que la population congolaise a pris conscience de la situation et a pris son destin en main pour contrer cette menace.
Au milieu de cette guerre qui perdure depuis plusieurs mois, les populations civiles restent les premières victimes. La communauté internationale continue de demander au Rwanda de retirer ses troupes de la RDC, car il est compris entre les lignes que la révision des frontières entre pays ne fera plus l’objet de débat, compte tenu des problèmes complexes, tels que le réchauffement climatique, auxquels le monde est confronté et qui menacent sa survie.
Nicolas Kayembe