Kinshasa, 28 janvier 2025- Goma, capitale du Nord-Kivu en RDC, s’est réveillée ce mardi matin dans un calme trompeur. Depuis l’arrivée du groupe armé M23, soutenu par les forces rwandaises, les affrontements se multiplient, plongeant la ville dans un climat d’angoisse. Peu avant 6h30, de fortes détonations ont retenti, marquant la reprise des combats dans plusieurs quartiers stratégiques, notamment à proximité de l’aéroport et de la frontière rwandaise.
Les échanges de tirs opposent l’armée congolaise, positionnée près de l’aéroport, au M23, qui contrôle certaines parties de l’ouest de Goma. La situation est confuse, et certaines zones restent inaccessibles aux observateurs et humanitaires, compliquant toute tentative de dresser un état des lieux précis des rapports de force.
Sans internet ni radio, les habitants de Goma dépendent du bouche-à-oreille pour s’informer. Les coupures d’eau et d’électricité, qui durent depuis plusieurs jours, exacerbent le calvaire de la population. Les commerces et pharmacies, eux aussi fermés, aggravent une situation déjà intenable pour les milliers de familles piégées par les combats.
Des scènes d’horreur dans les rues
Dans les rares moments d’accalmie, certains habitants ont osé sortir. Leur constat est glaçant : des corps jonchent les routes. L’absence d’accès sécurisé pour les humanitaires empêche une prise en charge rapide des victimes, tandis que les structures sanitaires locales, déjà débordées, peinent à faire face.
Les combats dans le Nord-Kivu, et particulièrement à Goma, ont déjà déplacé près de 400 000 personnes depuis janvier, selon l’ONU. “La ville est devenue un enfer”, déplore le directeur de Save the Children en RDC, soulignant que la moitié des déplacés sont des enfants, particulièrement vulnérables face à cette crise.
Des tensions à la frontière rwandaise
Les affrontements ont également fait des victimes côté rwandais, où au moins cinq civils ont été tués et 35 blessés lundi. Ce matin, la frontière entre Goma et Gisenyi reste fermée, les postes-frontière n’ayant pas ouvert. Des évacuations de civils, rwandais et congolais, sont en cours, avec des centaines de personnes cherchant refuge dans des camps improvisés.
Les ONG, présentes sur le terrain depuis des semaines, tirent la sonnette d’alarme face à une situation humanitaire déjà qualifiée d’alarmante avant cette escalade. Mais l’insécurité et l’absence de corridors humanitaires compliquent la distribution de vivres et de soins.
Les tirs, toujours audibles jusqu’à Gisenyi, paralysent toute tentative de retour à une vie normale. Les écoles restent fermées, et le silence des rues contraste avec les détonations sporadiques. À Goma, les habitants oscillent entre l’espoir d’un apaisement et la crainte de nouveaux affrontements, témoins d’un quotidien devenu insoutenable.