Kinshasa, 14 février 2025- Malgré la montée des tensions entre la RDC et le Rwanda, les Églises catholique et protestante congolaises n’ont pas reculé. Jeudi, une délégation conjointe de la CENCO et de l’ECC a rencontré le président rwandais Paul Kagame à Kigali. Cet échange s’inscrit dans une initiative diplomatique visant à désamorcer la crise sécuritaire qui ravage l’est de la RDC, quelques jours après une consultation similaire avec le président congolais Félix Tshisekedi à Kinshasa.
Alors que l’armée rwandaise poursuit son avancée dans l’est de la RDC, la mission des chefs religieux vise à encourager Paul Kagame à adopter une approche pacifique. Selon la Commission justice, paix et sauvegarde de la création de l’ECC, cette démarche s’intègre dans le cadre du « Pacte social pour la paix et le bien-vivre ensemble en RDC et dans les Grands Lacs », une initiative qui mise sur le dialogue pour stabiliser la région.
Cependant, la posture du Rwanda reste inflexible. Considéré comme le principal instigateur des conflits dans la région, Paul Kagame continue d’affronter les sanctions internationales sans montrer de signe de repli. Le président burundais, Evariste Ndayishimiye, l’a récemment qualifié de « mauvais voisin », soulignant l’isolement croissant de Kigali sur la scène diplomatique.
Malgré ces obstacles, les évêques catholiques et protestants congolais gardent espoir. Leur médiation repose sur un principe fondamental : bâtir une paix durable en instaurant des relations de bon voisinage entre les pays de la région, tout en respectant l’intégrité territoriale de chaque État. Cette approche reprend les valeurs ancestrales de résolution des conflits par le dialogue, symbolisé par l’image de l’arbre à palabre.
Dans cette optique, les deux confessions militent pour la tenue d’une Conférence internationale pour la paix, le co-développement et le bien-vivre-ensemble dans les Grands Lacs. Cette rencontre, jugée essentielle, permettrait aux acteurs régionaux et internationaux de se réunir autour d’une solution globale pour mettre fin aux guerres transfrontalières qui ravagent la RDC depuis des décennies.
L’initiative bénéficie déjà d’un soutien international. Le Parlement européen a récemment invité la communauté internationale à s’appuyer sur l’accord-cadre d’Addis-Abeba pour organiser une conférence axée sur la pacification de l’est de la RDC et de la région des Grands Lacs. Cet appui renforce la crédibilité de la démarche engagée par les évêques congolais.
Une des particularités de cette conférence serait l’implication du secteur privé dans les négociations de paix. Le Parlement européen soutient l’idée d’un « commerce pour la paix », estimant que l’exploitation des minerais stratégiques est un des moteurs du conflit. Associer les entreprises aux discussions pourrait ainsi favoriser des engagements concrets en faveur de la stabilité.
Si l’initiative des Églises congolaises marque une avancée diplomatique, son succès dépendra de la volonté des acteurs impliqués à privilégier le dialogue sur l’affrontement. La balle est désormais dans le camp de Paul Kagame et de la communauté internationale pour transformer cette ouverture en une véritable dynamique de paix.