Kinshasa, 15 février 2025- L’Union européenne (UE) hausse le ton contre le Rwanda. Accusant Kigali de soutenir les forces rebelles du M23 en RDC, Bruxelles envisage désormais des sanctions contre l’administration de Paul Kagame. Cette décision intervient après la prise de l’aéroport de Kavumu et l’entrée des rebelles dans Bukavu, en violation flagrante des appels internationaux au cessez-le-feu.
Par la voix d’Anouar El Anouni, porte-parole du chef de la diplomatie européenne, l’UE a prévenu que la « violation répétée de la souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC ne restera pas impunie ». Les sanctions en discussion pourraient cibler les hauts responsables militaires rwandais impliqués dans le soutien au M23, selon le rapport des Nations unies de juin 2024. L’Europe, jusque-là prudente, semble vouloir adopter une approche plus ferme face à Kigali.
Cette annonce s’inscrit dans un contexte où plusieurs acteurs internationaux, y compris les États-Unis et l’Union africaine, ont déjà exprimé leurs préoccupations quant à l’ingérence rwandaise en RDC. La résolution du Parlement européen de jeudi dernier va encore plus loin, appelant à sanctionner directement plusieurs généraux rwandais, considérés comme responsables de graves exactions. Une telle initiative, si elle se concrétise, marquerait un tournant majeur dans la diplomatie européenne vis-à-vis du Rwanda.
Face à ces menaces de sanctions, Paul Kagame adopte une posture de défiance. Dans une interview accordée à Jeune Afrique, le président rwandais a minimisé l’impact des pressions internationales, affirmant qu’aucune mesure étrangère ne dissuadera son intervention en RDC. Une déclaration qui souligne à la fois sa détermination et le refus de Kigali de se plier aux exigences occidentales. Mais cette position intransigeante pourrait isoler davantage le Rwanda sur la scène internationale.
Les sanctions européennes, si elles sont adoptées, risquent d’avoir des conséquences économiques et diplomatiques importantes pour le Rwanda, dont une partie de l’économie dépend des financements et des échanges avec l’UE. Toutefois, Kigali pourrait chercher à renforcer ses relations avec d’autres partenaires, notamment la Chine et la Russie, pour compenser d’éventuelles pertes. La question demeure : jusqu’où Bruxelles est-elle prête à aller pour contraindre Kagame à revoir sa politique régionale ?
Ce bras de fer entre l’UE et le Rwanda met en lumière l’échec des mécanismes diplomatiques existants pour résoudre la crise en RDC. Si des sanctions européennes peuvent accentuer la pression sur Kigali, elles ne suffiront probablement pas à ramener la stabilité dans l’Est congolais. Seule une approche globale, impliquant toutes les parties prenantes – y compris la RDC, le Rwanda et les organisations régionales – pourrait offrir une solution durable à un conflit qui, depuis des décennies, continue d’endeuiller la région.