Kinshasa, 19 février 2025- La lutte contre le banditisme urbain à Kinshasa franchit une nouvelle étape. Ce mercredi, 304 membres présumés des gangs “Kuluna” ont été transférés vers la prison hautement sécurisée de Luzumu, dans le Kongo-Central. Une mesure forte des autorités pour tenter de reprendre le contrôle face à une insécurité qui gangrène la capitale congolaise.
Ce transfert s’inscrit dans une stratégie plus large visant à désengorger les cellules de la police, souvent surpeuplées, et à prévenir de nouvelles évasions. Pour le commissaire divisionnaire adjoint Blaise Kilimbalimba, il s’agit d’une action nécessaire pour libérer de l’espace en vue de futures arrestations.
Les “Kuluna”, tristement célèbres pour leurs actes de violence, d’extorsion et de terrorisme urbain, ont longtemps semé la peur dans les quartiers de Kinshasa. Certains détenus transférés ont déjà été condamnés, tandis que d’autres attendent encore leur jugement dans le cadre des audiences foraines organisées par la justice militaire.
Ce coup de filet s’inscrit dans les initiatives “Ndobo” et “Zéro Kuluna”, mises en place par le gouvernement pour éradiquer ces bandes criminelles. Arrestations massives, procès accélérés, incarcérations en haute sécurité : la riposte des autorités se veut implacable.
Le ministre de la Justice, Constant Mutamba, insiste sur la fermeté du gouvernement face à ce fléau. “Nous devons montrer que le crime ne paie pas. La sécurité des citoyens est une priorité absolue”, a-t-il martelé, rappelant que d’autres actions suivront pour restaurer l’ordre.
Du côté de la population, ce transfert est accueilli avec soulagement. Pour de nombreux habitants, il représente enfin une réaction concrète aux violences qui rythment leur quotidien. “On ne pouvait plus vivre dans cette insécurité permanente. Il était temps que l’État prenne ses responsabilités”, confie un habitant du quartier Ngaliema.
Mais si la répression est jugée nécessaire, certaines voix s’élèvent pour appeler à une approche plus équilibrée. Les défenseurs des droits de l’homme estiment que la solution ne peut être uniquement répressive et plaident pour des programmes de réinsertion afin d’empêcher les jeunes de replonger dans la criminalité.
Ce vaste transfert envoie un message fort aux autres gangs encore actifs dans la capitale. “Kinshasa doit redevenir une ville où l’on peut vivre sans peur”, a déclaré Jacquemin Shabani, vice-Premier ministre chargé de l’Intérieur, soulignant que la lutte contre l’insécurité ne fait que commencer.
Les autorités comptent poursuivre les arrestations, renforcer la présence policière sur le terrain et mettre en place des mesures préventives. Le chômage et l’exclusion sociale, considérés comme des moteurs du banditisme, devront aussi être adressés pour obtenir des résultats durables.
Le transfert des 304 Kuluna vers Luzumu marque un tournant dans la bataille pour la sécurité à Kinshasa. Mais au-delà de cette action spectaculaire, c’est un travail de fond qui attend les autorités : conjuguer répression, prévention et réinsertion pour construire une capitale plus sûre et apaisée.