Kinshasa, 22 février 2025- L’offensive diplomatique menée par le président congolais Félix Tshisekedi a porté ses fruits. Après plusieurs semaines de tensions et de tractations internationales, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté à l’unanimité, vendredi, une résolution contraignante exigeant le retrait immédiat des Forces de défense rwandaises (RDF) du territoire de la RDC. Cette décision, fondée sur le chapitre VII de la Charte des Nations unies, marque un tournant décisif dans la crise sécuritaire qui secoue l’Est du pays.
Malgré une situation militaire complexe sur le terrain, Félix Tshisekedi a réussi à obtenir un soutien international inédit pour contrer l’ingérence rwandaise. Trois semaines ont été nécessaires pour que le Conseil de sécurité se prononce, mais l’attente en valait la peine. L’unanimité des membres du Conseil illustre l’isolement diplomatique grandissant du Rwanda et la reconnaissance par la communauté internationale du caractère illégal de son intervention en RDC.
Le texte adopté ne laisse aucune place à l’ambiguïté. Il condamne fermement l’offensive du M23, un groupe rebelle soutenu par Kigali, et exige le retrait immédiat des troupes rwandaises « sans conditions préalables ». De plus, il somme le M23 de cesser ses hostilités et d’évacuer les territoires occupés, y compris Goma et Bukavu.
Le dépit de Kagame
L’adoption de cette résolution est un camouflet pour le président rwandais Paul Kagame. Habitué à manœuvrer diplomatiquement pour minimiser son implication en RDC, il se retrouve aujourd’hui sous pression internationale. Le soutien militaire de son pays au M23, qui a permis aux rebelles de s’implanter solidement dans l’est congolais, est désormais pointé du doigt par l’ensemble de la communauté internationale.
Dans les zones occupées, les populations civiles sont les premières victimes de cette crise. Déplacements massifs, violences et exactions sont leur quotidien depuis plusieurs mois. En réclamant une mise en œuvre immédiate de la résolution, le gouvernement congolais espère soulager ces populations éprouvées et restaurer son autorité sur l’ensemble du territoire national.
Le Conseil de sécurité a également réaffirmé son soutien à la MONUSCO, la mission de l’ONU en RDC. Il a averti que toute tentative de compromettre sa capacité à accomplir son mandat ne serait pas tolérée. Cette position ferme vise à éviter une recrudescence des attaques contre la mission onusienne, souvent accusée d’inefficacité par la population congolaise.
Lutte contre l’exploitation illégale des ressources
En plus des aspects militaires et diplomatiques, la résolution met en lumière un autre enjeu crucial : l’exploitation illégale des ressources naturelles dans l’est du pays. Le Conseil de sécurité condamne ces pratiques et réaffirme son engagement à préserver l’intégrité territoriale de la RDC, dont les richesses minières attisent les convoitises.
L’ONU exhorte la RDC et le Rwanda à reprendre sans délai les pourparlers diplomatiques. Le conflit entre les deux pays s’éternise et alimente une instabilité régionale aux conséquences dramatiques. Pour éviter une escalade, la communauté internationale insiste sur l’importance d’une solution politique durable.
Les efforts diplomatiques en cours, notamment les processus de Luanda et de Nairobi, sont encouragés par la résolution. L’ONU appelle les protagonistes à honorer leurs engagements, notamment en ce qui concerne la neutralisation des groupes armés et le désengagement des forces étrangères du territoire congolais.
Un rôle clé pour Lourenço et Kenyatta
Le texte souligne l’importance du travail du président angolais João Lourenço, médiateur désigné par l’Union africaine, et de l’ancien président kenyan Uhuru Kenyatta, impliqué dans les pourparlers de Nairobi. Leur mission sera déterminante pour la mise en place d’un cessez-le-feu effectif et d’une feuille de route réaliste pour la paix.
Le bureau de l’envoyé spécial de l’ONU pour la région des Grands Lacs, en collaboration avec la MONUSCO, est chargé d’accompagner ces initiatives. La médiation diplomatique est perçue comme un levier essentiel pour stabiliser durablement l’est de la RDC et éviter de nouveaux cycles de violence.
La France, à l’origine de la résolution, a insisté sur un point crucial : “Il n’y a pas de solution militaire au conflit dans l’Est de la RDC ; l’offensive menée par le M23, soutenue par le Rwanda, doit cesser.” Ce message envoie un signal clair aux acteurs régionaux et internationaux quant à la nécessité d’un règlement pacifique du conflit.
Quels scénarios pour la suite ?
Si cette résolution marque une avancée majeure, sa mise en œuvre reste incertaine. Le Rwanda acceptera-t-il de plier sous la pression internationale ? Le M23 respectera-t-il l’ordre de retrait ? Et surtout, la RDC parviendra-t-elle à sécuriser les zones libérées ? Autant de défis qui nécessiteront vigilance et engagement de la part des acteurs impliqués.
L’unanimité au Conseil de sécurité représente une victoire diplomatique pour Félix Tshisekedi, mais le chemin vers une paix durable est encore long. L’application effective de la résolution dépendra de la volonté des parties concernées et du soutien international. Pour la RDC, il s’agit désormais de capitaliser sur cet élan pour consolider sa souveraineté et restaurer la stabilité dans l’Est du pays.