Kinshasa, 17 mars 2025- La RD Congo hausse le ton face à la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC). Dans un message officiel adressé au secrétariat de l’organisation, Kinshasa exprime ses préoccupations et fixe ses attentes après la réunion consultative des ministres des Affaires étrangères et de la Défense de l’EAC, tenue le 15 mars à Nairobi. Le gouvernement congolais met en avant quatre exigences majeures pour assurer un processus de paix crédible et efficace.
Au cœur des revendications de la RDC figure la nomination de co-facilitateurs neutres et expérimentés. Kinshasa insiste sur la nécessité de critères rigoureux garantissant leur impartialité et propose la nomination de Sahle-Work Zewde, ancienne présidente de l’Éthiopie, pour son expérience diplomatique reconnue. Une meilleure représentation des femmes dans ce processus est également une priorité pour le gouvernement congolais.
Autre point crucial : l’élaboration d’un calendrier clair et précis. La RDC exige des échéances concrètes pour l’entrée en vigueur du cessez-le-feu et le retrait immédiat du M23 et des Forces de défense rwandaises (RDF). Pour Kinshasa, l’absence de délais fixes ne ferait que prolonger l’instabilité. Cette demande s’appuie sur la résolution 2773 du Conseil de sécurité de l’ONU et les engagements pris lors du sommet EAC-SADC de Dar es Salaam, tenu en février dernier.
Kinshasa appelle également à une meilleure coordination des mécanismes existants. La multiplication des initiatives de paix, entre les processus de Luanda et de Nairobi, la conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) et d’autres cadres de concertation, risque d’affaiblir les efforts en cours. La RDC plaide pour une synergie renforcée entre ces instances afin d’éviter toute dispersion des efforts.
L’application stricte et immédiate de la résolution 2773 de l’ONU est une autre revendication essentielle de Kinshasa. Cette résolution, juridiquement contraignante, impose des obligations claires aux parties impliquées dans le conflit. Pour la RDC, elle doit être la pierre angulaire de toutes les initiatives diplomatiques en cours afin de garantir une stabilité durable.
En formulant ces demandes précises, la RDC envoie un message fort à l’EAC et à la communauté internationale : il ne s’agit plus seulement de discussions, mais d’actions concrètes. Kinshasa veut des engagements clairs et mesurables pour mettre fin aux violences qui ravagent l’Est du pays depuis des décennies.
Le gouvernement congolais souligne également que sa démarche s’inscrit dans une volonté de paix et de coopération régionale. Mais il prévient qu’il restera intransigeant sur les garanties nécessaires pour la mise en œuvre des décisions prises.
Si ces exigences restent lettre morte, Kinshasa pourrait revoir sa position au sein de l’EAC, voire explorer d’autres alternatives diplomatiques et sécuritaires pour protéger son territoire et sa population.