Kinshasa, 05 mai 2025- À peine sorti du gouvernement, Nicolas Kazadi est déjà au cœur d’une tempête médiatique. L’ancien ministre des Finances, désormais relégué au rang d’observateur critique du régime qu’il servait encore il y a peu, fait face à une vive réplique de l’Observatoire de la dépense publique (ODEP).
Dans un communiqué tranchant publié ce lundi 5 mai, l’organisation de la société civile dénonce un revirement qu’elle juge opportuniste. “Ce sont des larmes de crocodile”, affirme l’ODEP, en référence aux récentes déclarations de Kazadi.
Sous sa gestion, rappelle l’ODEP, l’État aurait sombré dans des pratiques budgétaires douteuses. L’explosion des paiements en procédure d’urgence en 2022 – plus de 300, dont 60 au bénéfice de la présidence – est pointée du doigt, tout comme les remboursements partiels de la dette intérieure. “Les créanciers étaient remboursés à hauteur de 30 %, le reste empoché par des réseaux bien organisés”, dénonce l’organisation.
La gestion de certains projets publics est également évoquée, comme autant de symboles d’une époque marquée par les excès. Surfacturation dans les forages, marchés publics opaques pour des lampadaires, centre financier hors de prix à Kinshasa… Pour Florimond Muteba Tshitenge, président du Conseil d’administration de l’ODEP, l’ancien ministre a sa part de responsabilité. “Il a nourri à coups de milliards la mauvaise gouvernance du régime. Aujourd’hui, il revient se confesser devant le peuple toute honte bue”, évoque l’ODEP.
Mais l’ODEP n’écarte pas l’idée d’une rédemption politique. “Il n’est jamais trop tard pour bien faire”, tempère l’organisation, qui invite Nicolas Kazadi à se joindre au combat citoyen pour une gouvernance transparente. Un combat que l’ODEP dit mener depuis plus de quarante ans, loin des projecteurs du pouvoir.
L’Observatoire saisit l’occasion pour interpeller le Président de la République. À ses yeux, les sorties médiatiques de Kazadi s’ajoutent à celles d’autres anciens alliés comme Jean-Marc Kabund, formant un faisceau d’alertes qu’il ne faudrait pas négliger. “Changez, Monsieur le Président”, conclut le communiqué, sur un ton aussi solennel que frontal.