Kinshasa, 05 juillet 2025- Les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), présentes en RDC depuis 1994, ont vivement réagi au récent accord de paix signé à Washington entre Kinshasa et Kigali. Dans une lettre ouverte datée du 2 juillet et adressée au président américain, le groupe armé rwandais accuse le gouvernement de Paul Kagame d’instrumentaliser leur présence pour justifier une occupation militaire prolongée de l’est de la RDC.
Alors que le Rwanda lie le retrait de ses troupes à la neutralisation préalable des FDLR par les autorités congolaises, ces dernières dénoncent ce conditionnement comme un prétexte. Selon les FDLR, la rhétorique du régime de Kigali ne vise qu’à entretenir un climat d’insécurité propice au pillage des ressources naturelles de la RDC. “Les FDLR ne sont pas génocidaires, contrairement à la propagande du régime de Kigali, qu’elles accusent de crimes contre l’humanité”, écrivent-elles. Elles soutiennent également que « les RDF sont les véritables fauteurs de guerre dans la région, au service du pillage des ressources de la RDC ».
Dans leur communication, les FDLR affirment que le Rwanda a saboté depuis 2001 plusieurs démarches de paix entreprises dans la région. Elles plaident aujourd’hui pour une décrispation politique et un dialogue inclusif au Rwanda, tout en dénonçant l’accord de Washington comme biaisé et déséquilibré. Depuis sa signature le 27 juin, le texte cristallise les tensions, notamment autour de la question du désarmement.
La partie congolaise, quant à elle, insiste d’abord sur le retrait immédiat et inconditionnel des troupes rwandaises, comme le prévoit la résolution 2773 du Conseil de sécurité des Nations unies. Kigali, pour sa part, campe sur sa position. “Toute solution qui ne prend pas en compte ces questions importantes (réfugiés, FDLR…) ne fera que prolonger indéfiniment les problèmes entre le Rwanda, la RDC et toute la région”, a déclaré Paul Kagame lors d’une conférence à Kigali le 4 juillet.
Cependant, sur le terrain, la complexité est manifeste. Les zones traditionnellement attribuées aux FDLR, notamment dans le Nord-Kivu, sont actuellement sous contrôle du M23, un mouvement armé accusé d’être soutenu par le Rwanda. Pour plusieurs analystes, cette situation jette le doute sur la sincérité des exigences de Kigali. Certains y voient même une stratégie de diversion pour maintenir l’influence militaire rwandaise sur une région riche en minerais stratégiques.
Julien Paluku, ancien gouverneur du Nord-Kivu et actuel ministre congolais du Commerce extérieur, a récemment exprimé un point de vue tranché. “Le Rwanda a occupé l’Est de la RDC de 1998 en 2003. Si FDLR, il y avait, il les aurait exterminés. Mais on a observé qu’en lieu et place des FDLR, le Rwanda est sorti premier producteur du coltan”, avait-il dénoncé. Il ajoute que « les véritables FDLR que le Rwanda poursuit, ce ne sont pas les FDLR humains, c’est le coltan, le niobium, le pyrophore, la cassitérite… ».
Créées après le génocide de 1994, les FDLR sont souvent décrites comme hostiles au régime Kagame. Pourtant, leur impact sur le terrain a fortement diminué ces dernières années. Malgré cela, elles restent régulièrement pointées du doigt comme un élément déstabilisateur par Kigali, alors que d’autres groupes armés plus actifs, comme le M23, continuent d’opérer librement dans l’est congolais.